En matière de mode, Tatiana Santo Domingo a un goût certain – même si elle se défend d'être une fashionista – et des convictions affirmées, qui s'expriment notamment au travers de sa marque éth(n)ique The Muzungu Sisters, fondée en 2010 avec son amie Dana Alikhani. Autant dire qu'avoir cette modeuse des plus discrètes au premier rang d'un de ses défilés n'est pas un mince gage d'estime ou de curiosité, et Giambattista Valli peut se targuer d'avoir eu l'honneur de sa présence le 20 janvier pour sa présentation à la Fashion Week de Paris.
Dans la fraîche nuit parisienne, le couturier italien dévoilait sa vision du printemps et de l'été 2014. Un printemps où il fera bon, au milieu de fleurs voluptueuses, avec le bleuet pour star électrique et incontestée ; un été où il fera chaud, et alors la robe, portée près du corps et volontiers bustier, sera forcément très courte ; de beaux jours où les soirées, enfin, seront glamour, quand les jupes s'allongent...
À quelques jours de son mariage religieux avec Andrea Casiraghi le 31 janvier à Gstaad, cinq mois après leur union civile (pour laquelle elle portait une robe blanche Valentino), Tatiana Santo Domingo, elle, était encore - et c'est logique - à l'heure d'hiver, ayant misé sur une combinaison rouge (manteau et rouge à lèvres) et noir (col roulé) pour prendre place devant le podium installé au prestigieux lycée Henri IV, fabrique à élites qui accueillait là l'élite de la mode. Dans le public, l'épouse d'Andrea Casiraghi et grande amie des créatrices Margherita Missoni, Eugenie Niarchos et Bianca Brandolini d'Adda côtoyait notamment Livia Firth, épouse de l'acteur Colin Firth qui est elle-même partisane d'une mode éthique et a posé notamment avec Franca Sozzani, rédactrice en chef du Vogue italien, mais aussi Cosima Ruiz de la Prada, Miroslava Duma, en pleine polémique avec son blog Buro 24/7 après avoir utilisé une photo de Dasha Zhukova assise sur une femme noire en guise de siège, Solene Hebert, Anna Dello Russo, Caroline Sieber, Elena Perminova et Alexander Lebedev, Alexandra Golovanoff, Joanna Przetakiewicz ou encore Emmanuelle Alt.
Si elle a pu apprécier le spectacle affiché devant ses yeux, Tatiana Santo Domingo a sa propre vision des choses, tout entière tournée vers l'artisanat et la perpétuation des traditions. À sa manière, cette grande voyageuse (c'est d'ailleurs le sens de "Muzungu" en swahili) prolonge l'éducation qu'elle a reçue : "Ma mère est ceinture noire de shopping dans les marchés, confiait-elle en octobre dernier au magazine Elle. Quand on [son frère cadet Julio Mario et elle, NDLR] était enfants, on était toujours habillés 'ethnique', en djellaba, en sarouel, c'était le cauchemar de mon frère." Plus tard, c'est à son tour d'écumer les marchés, et de rapporter de ses séjours lointains, en Colombie (pays de son père) ou à Bali (où a vécu sa mère) par exemple, des souvenirs typiques à la demande de ses amis.
Sa rencontre en 2009 avec Dana Alikhani, qui "réfléchit [alors] à une plateforme qui pourrait promouvoir le travail et les droits des artisans du monde", va déclencher la création de The Muzungu Sisters, qui propose vêtements et accessoires traditionnels du Pérou, d'Inde, du Maroc... "Ce projet, c'est surtout pour garantir la continuité des traditions. Mais la majorité des artisans avec lesquels nous commerçons sont aussi des femmes qui travaillent à la maison, qui gardent leurs enfants. S'il n'y a plus de demandes, elles ne pourront pas continuer à faire ce métier." Et de préciser, malgré l'indéniable dimension philanthrope de la marque (récompensée fin 2012 par le prix solidarité des Telva Awards) : "Ce n'est pas de la charité, c'est un business." Mais un business passion : "Ce que l'on vend, c'est ce que Dana et moi aimons vraiment. On adore les couleurs, pas les vêtements que l'on trouve à n'importe quel coin de rue, pas les choses tendance, même si celles-ci finissent par le devenir", expliquait-elle encore à elle. Un business, enfin, qui "l'oblige" à continuer de voyager beaucoup et loin : "L'an passé, j'ai fait moins de voyages, car j'étais enceinte, mais j'espère repartir bientôt, peut-être au Guatemala." Quant à Sacha, son fils de 10 mois né de ses amours avec Andrea Casiraghi, déjà bien équipé en sarouels et djellabas à en croire sa maman, il devrait la suivre dans ses pérégrinations...