Licencié en 2009 par TF1 pour sa position anti-Hadopi, Jérôme Bourreau-Guggenheim vient d'obtenir gain de cause auprès du tribunal des prud'hommes. La chaîne a été condamnée pour avoir licencié sans cause réelle ni sérieuse son ancien responsable du pôle innovation web. La note est salée : 27 000 euros au profit du plaignant. Mais cette condamnation n'est peut-être pas suffisante.
Rappel des faits : le 19 février, le citoyen Jérôme Bourreau-Guggunheim écrit un mail (depuis sa boîte personnelle) à sa députée Françoise de Panafieu pour lui faire part de son inquiétude et de ses réserves quant au projet Hadopi. En quelques heures, ledit mail remonte jusqu'au ministère de la Culture alors tenu par Christine Albanel dont l'un des directeurs de cabinet adjoint juge bon de renvoyer le mail à TF1 avec ce commentaire : "Vous avez manifestement des salariés qui aiment tirer contre leur propre camp." Ce mail envoyé dans la sphère personnelle fait une arrivée fracassante sur le lieu de travail de Jérôme Bourreau-Guggenheim. Il est convoqué puis licencié, TF1 estimant que "cette prise de position [est] un acte d'opposition à la stratégie du groupe pour qui l'adoption d'Hadopi est un enjeu fort".
Jérôme Bourreau-Guggenheim porte plainte au pénal pour "pour discrimination en raison des opinions politiques", mais l'affaire est classée sans suite. Il obtient finalement gain de cause des prud'hommes, mais la décision ne le satisfait qu'à moitié : "Condamnation en trompe l'oeil pour TF1, le licenciement a certes été abusif mais il manque l'essentiel : l'atteinte aux libertés fondamentales", écrit l'ancien de TF1 sur son compte Twitter. Dans le grand portrait que lui consacre ce samedi 2 juin Libération, Jérôme Bourreau-Guggenheim déclare attendre de connaître les arguments de la décision rendue hier. Il se dit prêt à faire appel, quitte à perdre les 27 000 euros. Question de principe.
Jérôme Bourreau-Guggenheim vit aujourd'hui à Toulouse où il a créé sa boîte de conseil en solution vidéo.