L'image restera comme celle de la saison 2010-2011. Celle du quarterback Tim Tebow, un genou à terre, le poing sur le front, avec le maillot des Broncos de Denver sur le dos. Trois ans plus tard, la hype Tebow a disparu. De jeune joueur prometteur devenu icône en quelques mois à pestiféré du sport US, il n'y a qu'un pas que ce jeune homme de 26 ans a franchi bien malgré lui...
L'éclosion surprise d'une star en devenir
Pourtant, tout avait bien commencé pour ce joueur au gabarit impressionnant, 191 cm pour 107 kilos, né à Manille. Véritable star de l'université de Florida et de son équipe phare des Gators avec qui il remporta le championnat 2007, Tim Tebow avait été drafté par les Broncos de Denver, où il devait officier en tant que second quarterback, derrière le titulaire Kyle Orton. Une blessure de ce dernier le propulse sur le devant de la scène, et c'est en tant que titulaire qu'il entame la saison 2011 après les débuts difficiles de Kyle Orton.
L'éclosion de la jeune star est proche. Le meneur des Broncos sort quelques matches de folie, signant des remontés extraordinaires en fin de match, propulsant son équipe en play-off, avant de signer une victoire inattendue face aux Steelers de Pittsburgh, donnés largement favoris, une fois de plus grâce à un drive sorti de nulle part à la dernière minute.
La personnalité atypique de ce joueur très pieux, sa façon d'entrer sur le terrain, en posant un genou à terre et en priant avec le poing sur le front et son leadership en font une star et un objet médiatique surprise. Mais en fin de saison, la hype Tim Tebow tombe brutalement.
Début de la fin
Les Broncos de Denver font venir le vétéran Peyton Manning, super star NFL. Le message est clair, Tim Tebow doit partir... Le début d'une longue descente aux enfers pour celui qui faisait encore vibrer tous les fanatiques du foot américain quelques mois auparavant. Il rejoint alors les Jets de New York, où, là aussi, il va se perdre avant d'être coupé cet avril par la franchise de Big Apple, qui préfère ne pas s'encombrer, le vire et lui paie ses 1,7 million de dollars de salaire pour la saison à venir...
D'aucuns disent que le véritable Tim Tebow se révèle enfin. Un quarterback incapable de mener ses équipes correctement. Si les come-backs les plus spectaculaires sont à mettre à son actif, c'est avant tout parce qu'il est incapable de donner l'avantage aux siens. Ses statistiques parlent d'elles-mêmes : 48% de passes réussies, contre plus de 60% aux autres stars de la ligue. L'homme serait en fait incapable d'exercer au plus haut niveau, et ses actions spectaculaires masqueraient en réalité ses grosses carences.
Paria
Un constat d'échec flagrant qui a conduit les New England Patriots, entraînés par son ancien coach qui l'avait choisi lors de la draft, à ne pas le conserver au sein de leur squad après un camp d'été. Malgré les compliments du propriétaire de l'équipe de la Nouvelle-Angleterre. Robert Kraft a ainsi souligné sa spiritualité et indiqué qu'il était "l'homme le plus exquis qu'il avait jamais rencontré depuis vingt ans qu'il est dans la Ligue". Malgré un salaire plancher (630 000 dollars par an, soit 480 000 euros), les Patriots ne l'ont pas conservé. En fait, personne ne lui a proposé de boulot, à part une équipe qui lui a demandé de changer de poste, lui qui reste persuadé de pouvoir réussir un jour au poste exigeant de quarterback. Même dans les ligues inférieures, le nom de Tim Tebow fait doucement rigoler.
"S'il vient chez nous, ce sera pour se battre pour une place de remplaçant", avait ainsi déclaré le boss des Alouettes de Montréal avec le plus grand sérieux. Seule une équipe de foot indoor, les Omaha Beef, lui aurait proposé un contrat de 75 dollars le match...
Son salut pourrait bien venir du rugby, parent pauvre du sport aux États-Unis rapporte L'Équipe. Nigel Melville, ancien international anglais de rugby qui a pris en main l'ovalie outre-Atlantique, twittait récemment : "Une porte se ferme, la porte du rugby olympique s'ouvre pour Tim Tebow. Nous devrions parler de notre sport mondial."
Mais Tim Tebow persiste. Le jeune homme est persuadé de pouvoir percer un jour au plus haut niveau. Et retrouver cette Tebowmania qui avait de lui une icône de son sport...