C'est l'histoire d'une journaliste passionnée et engagée qui a décidé de quitter les rédactions parisiennes pour se consacrer pleinement à l'association Toutes à l'école, la fondation qu'elle a créée en 2006 et qui permet aux jeunes Cambodgiennes d'avoir accès à l'éducation.
Dans un entretien accordé vendredi 3 août 2018 au Figaro Magazine, Tina Kieffer (58 ans) est ainsi revenue sur cet incroyable parcours qui est le sien. Figure médiatique des années 1990, elle avait d'abord commencé sa carrière en réalisant des reportages au sein de Cosmopolitan et avait été chroniqueuse dans l'émission Frou-Frou sur France 2 avant de prendre la tête du Marie Claire en 1999.
C'est lors d'un premier voyage au Cambodge, en 2004, qu'elle fait la connaissance de Chandara dans un orphelinat de Phnom Penh. Un coup de foudre "détonateur" : déjà mère de quatre enfants, la journaliste décide de l'adopter. Et de s'engager sérieusement sur le terrain pour venir en aide aux jeunes filles défavorisées. Une reconversion totale qui la pousse depuis déjà douze ans à partager sa vie entre le Cambodge, "où elle va tous les trois mois", et la France, "où elle lève des fonds avec son équipe", lit-on.
Sentant qu'elle a trouvé un sens à sa vie depuis qu'elle s'emploie à changer le quotidien (et à assurer l'avenir !) de tous ces enfants dans le besoin, Tina Kieffer a évidemment dû laisser derrière elle son train de vie et les avantages de l'époque où elle était journaliste. "J'ai eu la chance de faire une belle carrière et de gagner suffisamment ma vie pour devenir propriétaire. Ne pas être étranglée par un crédit m'a permis d'être bénévole avec une certaine sérénité", confie-t-elle au Figaro Magazine.
Il ne me viendrait pas à l'idée de dépenser 2 000 euros dans un sac griffé !
Tout ce qu'elle souhaite en parallèle de ses activités humanitaires, c'est de pouvoir subvenir aux besoins de ses enfants (outre Chandara, elle est mère de Barbara et Benjamin, ses aînés issus de son précédent mariage avec le psychiatre François Bing, et de Matis et Carla, née d'une seconde union avec le journaliste Stéphane Brasca). Ce qu'elle parvient à faire après avoir fait voter en assemblée générale le montant de sa rémunération. Aujourd'hui, ses priorités ne sont plus les mêmes. "Mon salaire n'a rien à voir avec celui d'avant mais quand on travaille dans l'humanitaire, on revoit ses envies à la baisse et on a tendance à s'oublier : on repousse les rendez-vous du médecin, on ne va plus chez le coiffeur... Je prête moins attention à mon look. À Marie Claire, déjà, je n'étais pas très portée sur la mode, alors ici, il ne me viendrait pas à l'idée de dépenser 2 000 euros dans un sac griffé ! L'important pour les baroudeurs que nous sommes est de pouvoir continuer à voyager un peu avec les enfants et de financer leurs études", a-t-elle ajouté.
"Fatiguée" mais comblée par son travail, Tina Kieffer conçoit qu'elle peut y laisser sa santé. Pour elle, c'est "le prix à payer" pour tenter de changer le monde. "Ce boulot est chronophage car chaque problème est important dans une ONG. Or, n'ayant jamais pu me faire au décalage horaire, je me réveille toute l'année à 4h du matin et me précipite sur mes e-mails. Mon mari [le chirurgien cardiaque Gérard Babatasi, vice-président de l'ONG la Chaîne de l'Espoir, NDLR] ne m'engueule pas car en tant que chef de service du CHU de Caen, il passe sa vie dans un bloc opératoire. Mais mes enfants râlent parfois de me voir toujours au téléphone ou devant mon ordinateur", a-t-elle poursuivi. Néanmoins, zéro regret. "Si je pense être beaucoup moins rigolote qu'il y a quelques années, psychologiquement, je me sens plus légère", a-t-elle conclu.