Sur les Champs-Elysées, dimanche, l'arrivée du Tour de France 2011 sonnait la quille pour 167 coureurs exténués, dont certains avec des horizons particuliers. Pour Mark Cavendish, c'était l'Arc de Triomphe et une cinquième victoire en point de mire, pour Cadel Evans, du jaune et la place de numéro un mondial au classement UCI mis à jour, et pour les coureurs français, la cour de l'Elysée !
Le peloton des régionaux de l'étape était en effet attendu, deux heures à peine après leur passage sur la dernière ligne d'arrivée de cette 98e Grande Boucle, au palais présidentiel, où Nicolas Sarkozy, fraîchement rentré de ses vacances à Brégançon avec sa Carla enceinte et rythmées par ses propres coups de pédale, se faisait fier de les accueillir pour les féliciter d'avoir fait honneur à la Petite Reine et bouclé la Boucle. Et pour cause : cinq Français sur les quarante-cinq en lice ont intégré le top 15 final !
C'était l'occasion, cocorico, de voir les héros français du Tour 2011 dépliés, sans casques ni stigmates cutanés, sourire soulagé au lieu de rictus de souffrance, avec leurs chéries, heureuses d'avoir récupéré leurs hommes entiers après les rodéos de montagne et les courses contre le temps sur chaussées humides.
Thomas Voeckler a bien mérité les félicitations du président, qui, faute d'avoir pu se rendre sur la course cette année, a organisé cette réception à l'Elysée dimanche 24 juillet. 4e du général à seulement 3mn20 du vainqueur, le coureur Europcar a été l'acteur d'une formidable épopée et un valeureux défenseur du maillot jaune qu'il porta de la 10e et 19e étape (10 étapes en jaune, comme en 2004) : on se souviendra qu'il déjoua notamment les pronostics lors de l'arrivée au Galibier et arracha pour quelques secondes un sursis supplémentaire avec la précieuse tunique sur les épaules. Rasséréné et fier d'avoir frôlé le podium, il était accompagné par son épouse, radieuse et élégante, un mois après avoir donné naissance à leur second enfant, une petite Lila qui rejoint son grand frère de 2 ans, Mahé.
La réception à l'Elysée était parfaite pour décompresser et se congratuler avec son coéquipier et compatriote du team Europcar Pierre Rolland, superbe vainqueur de l'étape de l'Alpe d'Huez. Le coureur de 24 ans, meilleur jeune du Tour et qui avait eu une formule très rafraîchissante au soir de sa victoire ("Je n'ai pas gagné une étape, j'ai gagné L'Alpe d'Huez !"), incarnait la relève sur le perron du palais présidentiel, avec ses coéquipiers d'Europcar, équipe qui finit 4e de l'épreuve. Le quotidien Le Parisien les a rencontré après la réception pour des confidences à chaud : "Le président m'a dit : 'Mieux vaut avoir la pression et du talent, et être reconnu comme tel, plutôt que de n'avoir ni pression ni talent'", rapporte Pierre Rolland, tandis que Thomas Voeckler se félicitait d'avoir eu affaire à "un connaisseur du cyclisme", qui a également salué la performance du magnifique super-combatif du Tour Jérémy Roy, auteur sur lequipe.fr d'une chronique régalante du Tour vécu de l'intérieur.
Laurent Jalabert, après trois semaines à moto pour France Télévisions, avait également gagné, le devoir accompli, son invitation au cocktail. Avant de retourner à sa vie intense de marathonien hors catégorie.