On lui prédisait l'avenir de Christian Bale, avec qui il faut lui reconnaître des ressemblances (pas seulement physiques) assez frappantes. Il n'en fut rien. Wes Bentley, c'est un physique sombre, un regard dérangeant et une révélation à l'âge de 21 ans dans American Beauty (1999). Mais comme on l'a vu chez Edward Furlong, Macaulay Culkin ou, pire, son meilleur ami Heath Ledger, la drogue est le droit chemin vers les enfers, dont on ne ressort que très rarement indemne.
Mais depuis 2009, Wes Bentley est sorti du brouillard, progressivement, pour même renaître à Hollywood où il enchaîne les projets. "Je me suis donné cette seconde chance, raconte l'acteur. Et je vais tout faire pour sortir quelque chose." C'est en 2010, à l'occasion d'une interview avec le New York Times, qu'il raconte son addiction. Une chute sans réelle surprise, entamée après le succès d'American Beauty, alors que le jeune talent ne résiste pas à la pression.
Un an après la mort de son meilleur ami Heath Ledger – décédé en janvier 2008 d'une overdose de médicaments –, Wes Bentley remonte la pente. L'année où Ledger meurt prématurément, Bentley est arrêté et plaide coupable pour possession d'héroïne. Autre paradoxe, il venait alors de tourner de There Be Dragons, une fresque historico-familiale de Roland Joffé (Mission) sur la quête initiatique d'un fils découvrant les secrets de son père (que joue Wes Bentley). Le réalisateur définissait d'ailleurs son film de la sorte : "C'est un film sur ce que signifie être saint de nos jours". Tout ce que n'était pas Bentley. Mais le personnage le touchera, et le film marquera d'ailleurs en 2010 son retour au septième art.
Pourtant, la drogue aura brisé une bonne décennie de la vie de l'acteur, car outre les divers projets et films jetés par-dessus de l'épaule, Wes Bentley subira un divorce avec la fin de son mariage avec Jennifer Quanz (ils se séparent en 2006, divorcent en 2009). Un homme brisé, qui a enchaîné les cures de désintoxication pour se sortir de la spirale infernale. Seul et condamné, la drogue est son refuge, jusqu'à une arrestation, puis une rechute. "Je n'en avais juste plus rien à faire, et j'avançais en roue libre", concède l'acteur. Entre les deux, il tourne pour Joffe et croit entrevoir le bout du tunnel.
Redevenu clean depuis quatre ans, Wes Bentley doit aussi beaucoup de sa ligne de conduite actuelle à sa femme, la productrice Jacqui Swedberg, et à son fils Charles, 2 ans et demi. Il enchaîne depuis 2010 les seconds rôles (Disparue, Lovelace mais surtout Hunger Games avec sa fameuse barbe stylée), goûte aux planches de Broadway (Venus in Fur) et a signé chez Terrence Malick (Knight of Cups, avec un certain Christian Bale), ou fait partie des projets les plus alléchants à venir entre The Green Blade Rises, la comédie Welcome to Me, le téléfilm HBO Open ou encore récemment le prochain Christopher Nolan, Interstellar. Le renouveau ?
C.R.