Paris et Alger vont travailler ensemble main dans la main sur des projets novateurs, importants pour la jeunesse de ces deux pays. Et notamment articulé autour de la création cinématographique. Des belles perspectives dans l'idée d'apaiser les blessures, et aller de l'avant, faisant fi du passé. Et le film Soeurs de Yamina Benguigui co-produit par la France et l'Algérie en est la parfaite image. On y retrouve les actrices Isabelle Adjani, Rachida Brakni, Hafsia Herzi et Maïwenn, qui comme Yamina Benguigui enracinent leur histoire familiale entre les deux pays.
Le travail de Yamina Benguigui a une dimension politique, sociologique et géopolitique reconnue dans de nombreuses universités où ses films sont étudiés, des films qui interpellent les politiques, les chefs d'entreprise, les historiens, les communautés... toutes les couches de la société.
Le regard que Yamina Benguigui porte sur l'Algérie et sur l'Afrique est un regard africain. Pour elle, l'Algérie est la tête de pont de cet immense continent, une puissance économique et diplomatique incontournable dans les relations entre la France, l'Europe et l'Afrique. Elle envisage la diaspora algérienne comme un ciment entre la France et l'Algérie, un ciment dont elle est sans aucun doute un des meilleurs liants. Nombreuses sont les personnalités politiques et les acteurs économiques de premier plan qui font appel à la connaissance profonde que cette infatigable ambassadrice du dialogue a des pays africains et de l'Algérie en particulier. Femme de tête, femme de conviction, Yamina Benguigui est aussi une femme de coeur fidèle à ses valeurs et à ses origines.
C'est à l'Algérie qu'elle a dédié le " 7 d'or " qu'elle a reçu en 1997 pour son documentaire " Mémoire d'immigrés, l'héritage maghrébin ".
Invitée par le Président algérien Abdelmadjid Tebboune au mois du juillet pour la commémoration des 60 ans de l'indépendance, et à l'occasion de ce déplacement, la réalisatrice Yamina Benguigui était l'invitée personnelle du président Emmanuel Macron, dans le cadre de son voyage officiel de trois jours en Algérie. On a pu la voir auprès de lui alors que le chef de l'État français a effectué vendredi 26 août une longue visite au cimetière européen de Saint-Eugène, dans la banlieue d'Alger. Sous une chaleur aride, l'époux de Brigitte Macron a déposé une gerbe devant le monument aux "morts pour la France", comme rapporté par Le Point. Le président a été vu arpentant les allées de ce somptueux cimetière, s'arrêtant devant les carrés, au milieu des pins et des cyprès.
L'occasion pour Emmanuel Macron de s'arrêter aussi devant la sépulture de Roger Hanin. Auprès de celui qui a passé ses vacances d'été à Brégançon, on retrouvait donc Yamina Benguigui (voir notre diaporama) mais aussi le réalisateur Alexandre Arcady et l'économiste Jacques Attali. La suite de la visite de Macron à Oran, s'est tenue au niveau d'un lieu qui est devenu mythique à El Bahia, Disco Maghreb. En descendant de la voiture pour s'approcher des citoyens, il s'est retrouvé face à un bain de foule, alors qu'il allait s'arrêter au niveau de la grande bibliothèque d'Oran pour saluer les Oranais. Lors de sa visite au Disco Maghreb, le président de la République était là encore accompagné de Yamina Benguigui, ainsi que les autres membres de sa délégation, la ministre française de la culture Rima Abdul-Malak, Kamel Bendaoud, Abdelkader Secteur, Zahouania et d'autres. Après l'Algérie, Emmanuel Macron a rejoint le Touquet, où il vient de passer le week-end en famille.
Le film Soeurs de la réalisatrice a été primé en juin dernier, lors de la 18e Édition du Festival International Cinéma et Migrations d'Agadir. Deux prix prestigieux, le prix de la meilleure réalisation et sa comédienne Maïwenn, celui de la meilleure actrice, lui ont été décernés. Ce film, Yamina Benguigui y tient énormément comme elle l'a confié l'an dernier en interview à RTS : "Nos parents ne se sont jamais donné le droit de s'enraciner en France car ils pensaient rentrer au pays un jour. On a donc grandi un peu en cachette de tout le monde et avec la difficulté de dire et de parler de notre histoire. Car parler de nous ou de nos parents, c'était trahir la parole. Avec Soeurs, j'ai transgressé ce silence, car j'avais besoin de faire un cinéma engagé, et d'aller porter cette parole", a-t-elle fait savoir.