De retour sur le toit du monde, couronnée à nouveau reine du saut à la perche le 15 août devant son public lors des championnats du monde d'athlétisme de Moscou après ses titres mondiaux de 2005 et 2007, Yelena Isinbayeva vit pourtant des heures très difficiles... Soupçons de dopage ? Grave blessure ? Non, il ne s'agit pas d'un problème sportif mais politique puisque la star, véritable icône de l'athlétisme, se retrouve au coeur de la polémique après son soutien très controversé à la toute fraîche loi russe punissant la propagande homosexuelle dans son pays. Un soutien assumé avec des propos plus que limites ayant provoqué un véritable tollé, ce qui oblige la star à s'expliquer plus avant, laborieusement...
Dénoncée par de nombreux athlètes et autres associations de défense des homosexuels, la loi interdisant la "propagande" gay votée par le Parlement russe a trouvé un soutien de poids : Yelena Isinbayeva. "Si vous permettez de militer et de faire toutes ces choses dans la rue, c'est inquiétant pour notre pays, car nous nous considérons comme des gens normaux. Les hommes vivent avec les femmes, et les femmes avec les hommes", a osé celle qui s'apprête à arrêter la compétition pour fonder une famille. Une vision d'un autre temps qu'elle a tenté d'expliquer tant bien que mal. "Historiquement, n'avons jamais eu ce genre de problèmes en Russie et nous n'en voulons pas dans le futur", ajoute la double championne olympique (2004, 2008).
Des propos qui ont choqué le monde de l'athlétisme, obligeant Yelena Isinbayeva à donner quelques "explications" complémentaires mais tout aussi peu convaincantes. Aussi douée dans le rétro-pédalage qu'à la perche, la star russe a assuré être contre toute "discrimination" contre les homosexuels et avoir été "mal comprise". Malentendu ou pas, la star a en tout cas bien farouchement défendue cette nouvelle loi. Alors qu'un boycott des Jeux olympiques de Sotchi a été évoqué par de nombreuses associations, Yelena Isinbayeva a également montré son opposition. "Si les politiciens et autres personnes qui n'ont rien à voir avec le sport veulent nous utiliser pour boycotter les Jeux, je suis contre (...) Les relations, qu'elles soient traditionnelles ou non-traditionnelles, et les JO, ne doivent pas être mélangés."
Heureusement, Yelena Isinbayeva semble bien seule à défendre la loi. De nombreux athlètes ont en effet déjà manifesté leur opposition, à l'image de ces deux athlètes suédoises, Emma Green Tregaro et Moa Hjelmer, qui se sont ainsi peint les ongles aux couleurs de l'arc-en-ciel. Une prise de position jugée "irrespectueuse pour la Russie" par Yelena Isinbayeva. "Nous sommes sûrement différents des Européens. Mais lorsque nous arrivons dans un pays étranger, nous respectons ses règles", a expliqué la recordwoman du monde.
La loi en question, jugée comme discriminatoire par les défenseurs des droits de l'homme, interdit les actes de "propagande" homosexuelle devant les mineurs. Les étrangers risquent une amende de 100 000 roubles, soit 2 300 euros maximum et jusqu'à 15 jours de détention et l'expulsion du pays.