Six ans qu'il a rangé ses crampons. Six années qu'il ne fait plus lever les stades par ses dribbles improbables, ses éclairs de génie et sa classe balle au pied. Pourtant, Zinedine Zidane est toujours aussi affûté.
Visage émacié, corps sec et musclé, seuls quelques poils blancs parsemant sa barbe naissante trahissent l'approche de ses 40 ans, qu'il fêtera le 23 juin prochain. "Je cours quarante-cinq minutes chaque jour et je joue au tennis de temps en temps", confie-t-il au magazine GQ qui lui consacre un long portrait dans lequel l'homme qui a fait vibrer la France un soir de juillet 1998, fidèle à son image, se dévoile à peine. "Je suis père de famille, j'ai une femme, des parents, des amis, poursuit-il. Je n'ai pas envie de changer à leurs yeux. (...) Tout ça, c'est juste une apparence. Je souffre au moindre effort supérieur à ce que je peux faire tous les jours. (...) Sortir, boire un verre. Rien n'est plus pareil..."
Alors que certains se perdent une fois le frisson de la compétition passé, que l'arrêt brutal de la compétition plonge d'anciens joueurs dans la dépression et dans l'inconnu, Zizou ne change pas, comme l'explique son ami de toujours Christophe Dugarry : "Zinedine n'a pas changé dans sa nature profonde. C'est le même homme sur la réserve, qui parle quand il a vraiment quelque chose à dire, à l'image de toute sa famille." L'ancien meneur des Bleus est ainsi devenu le porte-parole numéro 1 de l'association ELA qui lutte contre les leucodystrophies. Présent auprès des bénévoles, des enfants et lors de tous les événements, Zinedine Zidane sait se faire entendre, même s'il préfère les longs silences aux longs discours : "Bien communiquer, parfois, c'est savoir se taire. Et ça, je sais faire !"
Même s'il se fait discret, l'ancien joueur de la Juventus de Turin et du Real Madrid n'en reste pas moins présent dans les esprits. En témoigne sa première place au classement des sportifs préférés des Français sorti en mars dernier, malgré sa retraite et une sortie plus que controversée sur un coup de tête à Marco Materazzi en finale de la coupe du monde 2006 : "Les gens se rappellent de ce que j'ai donné, qu'il y a eu plus que ça. Cette dernière image est terrible pour moi, et certainement pour beaucoup de gens. (...) Je ne suis pas fier de mon coup de tête, c'est sûr. (...) J'ai déjà été insulté. C'est arrivé en finale de Coupe du monde. C'est tombé cette fois-là. Et c'est mal tombé. Enfin voilà..."
Reste un homme qui a choisi sa sortie, en pleine gloire, applaudi par tout un stade en larmes : "Je savais que l'adrénaline des grands matchs allait me manquer. Ça me manquera toute ma vie. Mais j'étais arrivé au bout. Ça a été simple, parce que c'est moi qui ai pris la décision d'arrêter, ce qui est quand même moins dur que quand on te dit : 'Bon, monsieur, maintenant c'est l'heure...'"
Aujourd'hui, Zinedine Zidane officie au Real de Madrid en tant qu'ambassadeur du club, avant de prendre en charge la supervision des jeunes du club. Une reconversion parmi d'autres, lui qui a ouvert un énorme complexe sportif du côté d'Aix-en-Provence et lancé une collection de vêtements baptisée HW Homewear. Une certaine idée du style découverte en Italie lors de son arrivée à la Juve, comme il le confie à GQ : "A l'époque, je portais des socquettes Achille, ces chaussettes courtes à rayures multicolores. Un jour, après l'un de mes tout premiers entraînements, je les retrouve découpées en lambeaux, scotchées à mon casier. Ça sentait le bizutage... Aussitôt, des mecs de l'équipe viennent me voir : 'Mec, les chaussettes, elles doivent être hautes. Et de couleur unie. Sinon, ça ne va pas le faire.' Là, j'ai pigé que le style avait aussi son importance dans un vestiaire italien."
Des sollicitations, Zinedine Zidane n'en manque pas. A tel point que certains le considèrent désormais comme un homme-sandwich, capable de se vendre au plus offrant et en ont déçu plus d'un, à l'image de cette embrouille avec Christophe Alévêque. Des accusations qui ont le don d'énerver l'homme, qui assure n'avoir répondu qu'à 5% des propositions, et sûrement pas pour l'argent : "Dans la vie, il faut juste essayer de faire les choses avec son coeur. C'est tout simplement ce que j'essaie de faire." Même avec la candidature du Qatar ; les rumeurs font état de plusieurs millions d'euros versés à la star pour promouvoir l'émirat... "Les montants dont on a parlé sont fantaisistes, s'agace Zinedine Zidane. On beaucoup parlé du Qatar. Je veux remettre les choses en place : je n'en ai pas touché un franc (sic). Je suis serein avec ça. Cet argent a été reversé à ma fondation et à des associations. Pourquoi je n'ai pas plus réagi ? Mais parce que si je réponds à toutes les critiques, je n'en finis pas ! Et puis je fais ce que je veux de ma vie."
Un long portrait à retrouver et à découvrir dans le GQ du mois de juillet 2012