Biographie
- Naissance : 6 février 1945, Nine Miles
- Décès : le 11 mai 1981 (36 ans), Miami
- Signe astrologique : Verseau
- Résidence : Jamaïque
Il n'a vécu que trente-six ans, mais cela lui a suffi pour devenir une icône immortelle, un des visages les plus marquants du XXe siècle. A jamais, Bob Marley restera le roi du reggae, une musique qu'il a fait connaître et popularisée à travers le monde, mais l'homme était plus qu'un musicien...
Robert Nesta Marley naît à St Ann, en Jamaïque, le 6 février 1945. Sa mère, Cedella Booker, a 18 ans, elle est afro-caribéenne, jamaïcaine et chanteuse. Son père, Norval Sinclair Marley, est un Jamaïcain blanc d'origine anglaise, qui prétendait être capitaine dans la Royal Navy, mais était en fait contremaître dans une plantation de canne à sucre. Il était surtout absent, et même parti puisqu'il meurt en 1955, à 70 ans, tandis que Bob n'en a que 10.
A 14 ans, Bob Marley quitte la campagne et l'école et s'installe dans la banlieue de Kingston, le ghetto de Trenchtown. Il y retrouve Bunny Wailer, qui vient du même village, et ils rencontrent Peter Tosh. Les trois adolescents chantent ensemble ce rhythm & blues américain qu'ils écoutent sur les radios de Miami, qui portent jusqu'en Jamaïque. A 17 ans, Bob Marley enregistre son premier 45 tours, le format roi dans l'île.
En 1963, avec ses deux camarades et un quatrième larron, il forme le groupe The Wailers, qui signe en 1964 avec Studio One et se fait produire par Sir Coxsone Dodd, un des grands noms de la production artistique dans l'île. Un de leurs titres, Simmer Down, devient n°1 en Jamaïque et se vend à 80 000 exemplaires. Bob Marley arrête alors son métier de soudeur pour se consacrer à plein temps à la musique. Les Wailers évoluent entre ska, soul, gospel, mais le nouveau rythme à la mode, dans les années 60, c'est le rocksteady, un ska au rythme ralenti, qui en ralentissant encore deviendra le reggae.
En 1966, Bob Marley épouse Rita Anderson, puis part rejoindre sa mère émigrée à New York, où il va travailler quelques mois dans un hôtel, avant de revenir à Kingston, où il fonde un label de disques indépendant avec ses partenaires Peter Tosh et Bunny Livingston. Il commence alors à s'intéresser de près à la philosophie et la religion rastafari, née dans les années 30 dans l'île. Comme les disques se vendent mal, et que Bob et sa femme ont déjà deux enfants (Cedella et Ziggy), ils retournent s'installer dans son village natal, à St Ann, où il approfondit son rastafarisme, dans un dénuement certain. Il fournit une chanson, Stir It Up, à Johnny Nash, un chanteur américain venu chercher des titres en Jamaïque pour tenter d'acclimater le rocksteady aux USA. Il en fera, effectivement, un petit succès, encourageant pour l'auteur-compositeur Marley.
Mais ce n'est pas suffisant pour faire vivre sa famille, car si Tosh, Marley et Bunny Wailer persistent à enregistrer leurs 45 tours, ils continuent de rester underground. Après maintes aventures qui échouent à lui apporter un succès tangible, un voyage à Stockholm en 1971 pour écrire des chansons pour un film, la sortie d'un premier album réunissant divers 45 tours (The Best Of The Wailers, 1971), le trio se retrouve à Londres pour faire quelques concerts.
Bob Marley a l'idée d'aller voir Chris Blackwell, un Jamaïcain blanc qui a fondé la compagnie discographique Island et produit essentiellement du rock mais a dans le passé eu à distribuer quelques disques des Wailers. Blackwell rachète le contrat de Marley et envoie le groupe enregistrer ce qui va devenir Catch A Fire, le premier album des Wailers, en 1973. L'impact de Chris Blackwell n'est contesté par personne, à commencer par les historiens de la musique. Il va lisser le son brut du reggae de Marley, le rendre "audible" par un public plus large, plus "crossover". Ajouter des solos de guitare, et des claviers, sur ces deux albums qui vont se succéder en cette année 1973, Catch A Fire, donc, et Burnin', qui sort en octobre, avec Get Up, Stand Up et I Shot The Sheriff qui vont offrir au groupe (car c'est encore un groupe) un rayonnement mondial. A la fin de cette année-clé, Peter Tosh et Bunny Wailer quittent le groupe pour poursuivre des carrières en solo, et les disques vont désormais sortir sous le nom de Bob Marley & The Wailers. Natty Dread sort en 1974 et contient No Woman No Cry. Marley effectue désormais des tournées mondiales, devant des publics énormes : le reggae, dont il est considéré comme le prophète, devient un genre musical écouté, promu, adoré par un public de plus en plus large.
Le 18 juillet, le groupe enregistre son premier album live, au Lyceum de Londres. Live sort le 5 décembre, et en réunissant tous les tubes et l'essentiel du matériel de Bob Marley, il obtient un succès considérable pour un album en public. Rastaman Vibration, en 1976, étend le succès de Bob Marley aux Etats-Unis, jusqu'alors resté moins sensibles à la vibration reggae, avec la chanson War. La guerre, c'est hélas ce qui agite la Jamaïque, sur un plan politique. Les deux partis majeurs se disputent le pouvoir, mais de façon ultraviolente et Bob Marley en fait les frais quand, quelques jours avant le grand concert gratuit qu'il devait donner sur une plage, à l'initiative du Premier ministre Michael Manley, il voit sa maison attaquée par ce qu'on suppose être des partenaires de l'opposition. Sa femme et lui reçoivent plusieurs balles. Il donne quand même ce concert, le bras bandé, en appelant à la paix, mais il ne se sent plus en sécurité et décide d'émigrer à Londres en 1977.
Là, il enregistre assez de chansons pour remplir les albums Exodus (1977, avec Jamming et Natural Mystic), puis Kaya (1978). Des albums militants, forcément marqués par ce qu'il vient de vivre dans son île natale, et qui consolident encore son personnage de rebelle. Exodus sera d'ailleurs déclaré "meilleur album du XXe siècle par Time Magazine, en 1998. Réputé pour son "appétit romantique", il a alors une relation avec Cindy Breakspeare, Miss Monde 1976, qui renforce encore son aura de superstar.
Au printemps 1977, ce passionné de football, qui passe son temps à jouer quand il n'est pas sur scène ou en studio, se blesse à l'orteil lors d'un match organisé à Paris, contre des journalistes de rock. Il doit annuler la tournée américaine qui suit et des analyses médicales révèlent un mélanome malin, soit une forme rare mais brutale de cancer. Une amputation de l'orteil est envisagée, qu'il refuse car elle va à l'encontre de ses croyances rastafariennes.
En avril 1978, Bob Marley fait un retour triomphal en Jamaïque, dont il est devenu l'ambassadeur en faisant partager la musique de l'île à la planète entière, pour un grand concert, le One Love Peace Concert, au stade de Kingston. Le chanteur réussit à faire venir sur scène, pour se serrer la main, les deux ennemis politiques Michael Manley et Edward Sega, un geste politique historique dans une période où les adversaires politiques s'entretuent, chaque jour, à Kingston. A la suite de ce concert, Marley poursuit une tournée mondiale, qui donne lieu à un autre album live, Babylon By Bus, dont une grosse partie a été enregistrée lors de ses concerts parisiens.
Quand il finit par se poser en Jamaïque, où le climat est désormais plus apaisé, il fait construire le studio d'enregistrement Tuff Gong, où il enregistre Survival, son septième album, à nouveau très militant et panafricaniste, qui sort en 1979 et s'ajoute à la liste de ses succès. Il tourne d'ailleurs en Afrique, participe aux cérémonies d'indépendance du Zimbabwe et pousse jusqu'en Nouvelle-Zélande, pour apporter sa bonne parole.
Mais à la suite d'un malaise, après un jogging à Central Park, à New York, de nouvelles analyses révèlent cinq tumeurs chez l'artiste, trois au cerveau, une au poumon, la dernière à l'estomac ; son cancer s'est généralisé. Il décide de cacher son état à son entourage, sort l'album Uprising en 1980, avec Could You Be Love et Redemption Song, et part une nouvelle fois pour une de ces épuisantes tournées. Il joue devant 50 000 fans à l'aéroport du Bourget, à côté de Paris le 3 juillet 1980, puis donne son ultime concert à Pittsburgh, le 23 septembre, obligé alors d'annuler la fin de la tournée dont il ne peut plus assumer la fatigue physique.
Il subit des séances de radio et chimiothérapie à New York, qui lui font perdre ses légendaires dreadlocks, et se convertit officiellement, le 4 novembre, à l'Eglise orthodoxe éthiopienne, en lien avec sa foi rasta. Il va ensuite passer quelques jours en Bavière pour suivre des traitements spécifiques aux cancéreux au stade terminal, puis rentre pour s'éteindre dans son île. Dans l'avion du retour, il perd connaissance et il est débarqué à Miami, où il s'éteint à l'hôpital Cedars of Lebanon, le 11 mai 1981, sans avoir pu terminer le voyage jusqu'à la Jamaïque. Il y reçoit des funérailles nationales le 21 mai, qui attirent des centaines de milliers de personnes, pour l'accompagner à St Ann, son village natal, où il est enterré.
En 1983, l'album posthume Confrontation, avec Buffalo Soldier, viendra clore l'exploitation des chansons écrites par le prophète du reggae.
Bob Marley a reconnu onze enfants, de sept relations différentes, mais la rumeur veut qu'il y en ait d'autres non reconnus. La plupart de ses garçons ont perpétué l'héritage paternel en devenant artistes de reggae, mais sans atteindre le succès, ni la renommée, de Bob Marley, qui reste donc le plus grand artiste de cette musique, mais aussi une icône planétaire d'une forme d'engagement, pacifiste, écologique et humanitaire. Il a vendu soixante-quinze millions de disques et reste le symbole de la culture et de l'identité jamaïcaine, et l'un des avocats les plus visibles de la promotion de la marijuana. Il a bien sûr suscité par la suite de nombreux livres et documentaires, sa statue orne les abords du stade national à Kingston, mais il y en a une aussi en Serbie, et un boulevard à son nom à Brooklyn, New York.