Ce devait être un hommage appuyé à la chanteuse Amy Winehouse. Mais le très attendu documentaire Amy, qui devrait être présenté au prochain Festival de Cannes, déplaît fortement à la famille de la regrettée chanteuse. Qui envisage sérieusement des actions légales contre les producteurs...
"Trompeur"
Asif Kapadia, qui avait reçu un BAFA du meilleur documentaire en 2011 pour Senna, un superbe travail sur le champion de Formule 1 brésilien, ne s'attendait probablement pas à un tel désaveu. Alors qu'Amy doit être présenté au Festival de Cannes avant une sortie en salles le 3 juillet prochain, la famille de la chanteuse, à travers le communiqué d'un porte-parole, souhaite "se dissocier du film qui va sortir au sujet de leur très aimée et regrettée Amy". "Ils pensent que le film est une occasion manquée de célébrer sa vie et son talent et qu'il est trompeur et contient des contre-vérités basiques. Il y a des allégations précises contre la famille et le management qui sont infondées et déséquilibrées", ajoute le communiqué.
Si le communiqué n'en dit pas plus, la famille s'est également confiée sur le site Internet de People. Et les mots sont durs envers Asif Kapadia et son équipe de production. Selon elle, ce documentaire qui retrace la vie de la diva depuis ses premiers pas sur scène jusqu'à la gloire avec notamment le tube Rehab, puis sa mort en 2011, est "déséquilibré" et "trompeur". Les proches d'Amy Winehouse reprochent au documentaire de prétendre qu'ils n'auraient pas été derrière elle durant ses heures sombres marquées par une consommation excessive d'alcool, dans les moments où elle avait le plus besoin d'eux.
Une famille absente
Ils accusent le documentaire de se baser sur des entretiens réalisés avec des "associés" de la chanteuse soul qui n'avaient aucun contact avec elle durant les dernières années de sa vie. Autre reproche fait à Asif Kapadia, il n'aurait pas pris en compte des témoignages contradictoires dans son montage final...
"J'en étais malade quand je l'ai vu pour la première fois. Amy serait furieuse. Ce n'est pas ce qu'elle aurait voulu", a confié son père Mitch, 64 ans, dans un entretien accordé au Sun on Sunday. Un père qui reproche également au documentaire de le présenter comme quelqu'un qui se serait servi de la Fondation Amy Winehouse pour se remplir les poches, et d'avoir oublié le rôle essentiel joué par Blake Fielder-Civil, l'ex-époux de la chanteuse, dans la mort de sa fille.
Et ce n'est pas tout. D'une manière générale, la famille reproche au documentaire de ne pas présenter les efforts et le soutien apporté à Amy Winehouse, aussi bien de la part des services médicaux que de ses proches. Quant à Mitch, il serait décrit comme un père absent, plus intéressé par le fait de pousser sa fille à monter sur scène que par sa santé. Le malaise est tel que la famille étudie une possible action en justice contre les producteurs.
Une centaine d'interviews
Et la production, dans tout ça ? Elle se défend et met en avant plus d'une centaine d'entretiens réalisés pour le documentaire. "Quand nous avons été approchés pour faire le film, nous nous sommes lancés avec le soutien complet de la famille Winehouse et nous avons abordé le projet avec une objectivité totale, comme avec Senna", ont confié les producteurs dans un communiqué, mettant en avant leurs "100 interviews avec des gens qui ont connu Amy Winehouse : amis, famille, anciens partenaires et membres de l'industrie musicale qui ont travaillé avec elle". Et de conclure : "L'histoire que le film raconte est le reflet de ce que nous avons tiré de ces interviews."