Le 30 novembre 2021, Eric Zemmour a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de 2022 avec une vidéo faisant clairement référence à l'appel 18 juin du général de Gaulle. Se présentant comme le sauveur de la France, le polémiste d'extrême-droite a également utilisé de nombreuses images pour illustrer ses propos sur l'état, présenté comme dramatique, du pays. Un montage qui a provoqué la colère de nombreuses personnes et organismes. Le présentateur de Quotidien Yann Barthès, l'ex-compagne de François Hollande Valérie Trierweiler, Aymeric Caron, la Gaumont ou encore le Huffington Post et les héritiers de Barbara ont fait part de leur indignation et de leur volonté d'être écarté du message d'une personne condamnée par la justice pour incitation à la haine.
Sur le plateau de l'émission Quotidien diffusée le soir de l'annonce de sa candidature, le présentateur Yann Barthès s'est amusé de l'utilisation d'images sans autorisation : "Et pire pour le porte-monnaie, des images de la ligue des champions..." Il donnera des chiffres : "Notre service des images a estimé le vol à plus de 100 000 euros d'archives, sans compter les téléfilms, les reportages ou encore les drones. Et encore, 100 000, c'est s'ils avaient demandé les droits. Car maintenant il va falloir rajouter les procès." L'équipe de Yann Barthès a précisé sur Twitter ce qu'elle fera de l'argent : "on a décidé que l'argent que nous recevrons de Zemmour sera reversé aux associations qui viennent en aide aux migrants."
La journaliste Valérie Trierweiler, ancienne compagne de François Hollande, a été également indignée par cette vidéo, réclamant être retirée des messages : "Zemmour utilise mon image dans son clip abject aux antipodes de mes convictions. J'exige le retrait immédiat, d'ici là mon avocat étudie les suites à donner. Je suis résolument pour des valeurs universalistes, loin de cet appel à la haine."
La société de production et de distribution de cinéma Gaumont, dont de nombreuses images de films sont utilisées dans le message électoral d'Eric Zemmour se prépare à engager des poursuites, tout comme le Huffington Post : "Jamais, la direction du Huff Post n'a été contactée par l'équipe de campagne du candidat afin de lui demander les droits de reproduction de ces images. Droits qu'elle ne lui aurait bien évidemment jamais accordés, s'agissant d'illustrer des propos de propagande politique."
Quand Eric Zemmour fait l'apologie de la grandeur culturelle de la France d'antan, le candidat cite notamment Barbara. Mais son neveu, Bernard Serf, s'est insurgé contre l'utilisation du nom de l'artiste dans les colonnes de Télérama : "Je viens de découvrir avec stupeur que Barbara est utilisée comme caution dans le clip d'un candidat à la Présidence de la République dont je refuse de citer le nom. Est-il besoin de préciser que cette appropriation aussi révoltante que scandaleuse, quand on connait l'oeuvre et les engagements humanistes de l'artiste, s'est faite sans l'accord de la famille de l'intéressée ?"
L'intellectuel Jacques Attali dont l'image apparaît également dans cette vidéo controversée, a choisi lui de relayer le message du musicien Renaud Capuçon, époux de la journaliste Laurence Ferrari : "Beethoven et le mouvement lent de sa 7eme Symphonie pour dramatiser la parole d'un candidat à la Présidence de la République. Ce n'est pas la première fois dans l'histoire que les extrêmes se servent de la musique classique. Mais c'est préoccupant."
Ancien sniper de l'émission On n'est pas couché comme Eric Zemmour, Aymeric Cayron figure dans le montage de son meilleur ennemi. Il ne s'offusque pas d'y apparaître mais sur le plateau de Touche pas à mon poste, il a souhaité démonter son discours qu'il qualifie de mensonger.
Une liste qui pourrait s'allonger et qui interroge sur la réalisation de cette vidéo il y a deux semaines. Elle fait écho à l'amateurisme reproché à l'équipe d'Eric Zemmour. Un ancien proche, Pierre Meurin, s'était d'ailleurs exprimé dans L'Express sur la tournure que prenait la campagne de l'activiste réactionnaire, regrettant son manque de connexion au réel et les défaillances de son entourage, mené par celle qui est présentée comme sa directrice de campagne Sarah Knafo.
Interrogé par Gilles Bouleau lors du 20h de TF1 le jour de la diffusion de cette campagne, Eric Zemmour, nerveux et agacé, a balayé d'un revers de la main les accusations d'atteinte aux droits à l'image, les qualifiant de "querelles de juristes" : "Moi, je ne m'occupe pas de cela." Après son intervention télévisée, il lancera un "connard" à l'adresse du présentateur, remarqué par des journalistes présents comme ceux du Parisien. Un début de campagne particulièrement tendu...