Un drame s'est produit ce vendredi 13 octobre au matin à Arras, au sein du lycée Gambetta. Le professeur de lettres Dominique Bernard, âgé de 57 ans, a été tué au couteau par Mohammed Mogouchkov, un individu fiché S et ancien élève de l'établissement. De quoi profondément choquer ses élèves, ainsi que la famille de Samuel Paty. L'assaillant, qui a été interpellé juste après l'attaque, est entré dans l'enceinte de ce collège-lycée en criant "Allah Akbar". Il a blessé à l'arme blanche un agent technique du lycée, atteint de plusieurs coups de couteau et en "urgence absolue", ainsi qu'un professeur d'EPS en "urgence relative". Aucun lycéen n'a été blessé.
Le parquet national antiterroriste a annoncé avoir ouvert une enquête pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste", "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d'atteinte aux personnes". Sept personnes sont actuellement en garde à vue dans le cadre de cette enquête.
Martin Dousseau, professeur de philosophie, a assisté à "la dernière partie de l'agression". Il a révélé d'effroyables détails sur l'attaque pour Libération.
Les mains rouges de sang
"Je descendais dans la cour centrale, quand j'ai vu l'agresseur attaquer une personne assez âgée, le chef cuisinier de l'établissement. Il était armé de deux couteaux. Je suis intervenu en criant quelque chose comme 'Qu'est-ce que vous faites, arrêtez'. Il s'est retourné soudainement, a crié 'Vous êtes prof d'histoire-géo ? (...) Un autre membre du lycée, Enzo, m'a tiré en arrière en me disant 'il est dangereux'. Il nous a poursuivis, on s'est réfugiés derrière des portes vitrées, on les a tenues à deux ou trois, il y avait des élèves derrière nous. Il n'a pas réussi à pousser la porte, est retourné agresser le chef cuisinier à terre. Je ne sais pas ce qui s'est vraiment passé, il était en train de se calmer, je pense que le chef cuisinier lui a parlé. Il ne lui a pas donné le coup fatal. Après, la police est intervenue, très professionnelle, sans coups de feu. Ils avaient une espèce de Taser, une fléchette avec un fil qui l'a immobilisée (...) .Quand je suis intervenu dans la cour, je ne savais pas qu'il avait déjà tué un collègue devant l'établissement, d'un coup de couteau à la carotide. C'est quand j'ai vu mes autres collègues, les mains rouges de sang, qui n'avaient pas réussi à arrêter l'hémorragie, que je l'ai appris."
"C'est une collègue qui se fait appeler par une autre collègue qui passait devant le lycée et qui hurlait dans tous les sens que quelqu'un était en train de mettre des coups de couteaux. Donc je suis arrivé sur place, mais malheureusement, il y avait la victime qui gisait au sol et l'interpellé emmené par les collègues du GSPI d'Arras qui venait d'arriver sur place. Les collègues sont arrivés rapidement, mais malheureusement, ils n'ont pas pu sauver la victime", s'est rappelé de son coté pour BFMTV Sliman Hamzi, délégué départemental du syndicat Alliance Police Nationale.