Paris je t'aime, moi non plus. La capitale française suscite souvent des réactions vives, voire épidermiques. Les polémiques sont nombreuses sur chacun des projets entrepris dans la cité, sa maire Anne Hidalgo essuie régulièrement des attaques, même les stars hollywoodiennes ne sont pas tendres avec elle, comme Natalie Portman dont le mari est le chorégraphe français Benjamin Millepied. Il y a aussi ceux qui connaissent très bien Paris et sont honnêtes avec elle, comme Edouard Baer. Avec son nouveau spectacle Le Journal de Paris, l'artiste réunit des anonymes croisés dans la rue, des artistes amateurs et des amis. Dans son interview pour le magazine du Parisien Week-end, l'acteur et metteur en scène parle de ce lieu unique sans fard et sans enjoliver la réalité, mais avec tendresse.
A 55 ans, Edouard Baer est ravi d'emmener le public dans un Paris vu à travers son oeil. Mais il est tout a fait conscient des problèmes de la ville. Toutefois, pas d'attaques virulentes contre l'édile de la cité comme ça peut être parfois le cas. Il commence par confier ce qu'il aime dans la capitale du pays : "Il n'y a pas plus international que Paris. C'est l'avantage des capitales. On y trouve des Parisiens à la Guitry, des gens qui viennent d'ailleurs. Mais aussi d'autres qui sont nés ici. On devrait tous s'approprier cette ville. J'aime l'envisager dans son universalité."
J'ai mille colères
Son regard a toutefois changé sur certains choses, il confie qu'il ne voulait plus habiter Paris : "Mais je suis resté car ceux que j'aime vivent ici. Il y a des moments où on aime sa ville, d'autres où on s'en lasse, puis où on la re-aime... Puisque je ne pars pas, j'essaie de l'aimer à nouveau. Et ça ne veut pas dire tout trouver formidable. J'ai mille colères. Le fait que les familles nombreuses ne peuvent pas se loger à Paris, que la vie y est difficile pour les personnes âgées qui, avant de traverser, doivent regarder de huit côtés différents... Paris a encore de la grande quand on est nombreux dans les rues. Pour cela, il faut que la ville soit habitable, qu'on puisse s'asseoir dans l'espace public, s'installer dans des troquets en consommant une bière ou un café à un prix raisonnable. C'est important qu'il y a ait encore des lieux où les gens puissent se rencontrer."
Son mode de déplacement a également changé à Paris : "Je me suis longtemps déplacé à scooter, ce cheval du XXe siècle qu'on amenait à l'abreuvoir dans les stations service. C'est devenu plus compliqué... Il a fallu que je me réinvente." Pour autant, il se félicite que certains endroits permettent encore la mixité sociale comme le quartier de ce chaleureux Bistrot des Halles au coeur de Paris, dans lequel il fait son interview : "On est au coeur de Paris : le prix du mètre carré est exorbitant mais, dans la rue, il y a quand même une mixité sociale grâce au centre commercial des Halles et aux gares RER qui permettent de venir ici depuis différentes banlieues."
Paris, c'était mieux avant, certainement, songe Edouard Baer mais il rectifie en s'amusant : "C'était le même mieux avant que je naisse. Je suis né dans le 'c'était mieux avant.'" Nostalgique oui, mais pas trop mélancolique.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Le Parisien Week-end du 18 novembre 2022