Blanche Gardin ne l'a jamais caché. Les épisodes de dépression ont rythmé sa vie, loin de l'avoir épargnée. Si elle avait déjà évoqué son passé dans une bande de "punk à chiens sous LSD" quand elle avait 17 ans et la mort brutale de son père emporté par un cancer, elle avait aussi évoqué le séjour en hôpital psychiatrique qu'elle a vécu après une rupture amoureuse. Blanche Gardin n'a pas subi la décision de son conjoint de l'époque puisque c'est elle qui a fait le choix de le quitter. Mais cela ne veut pas dire que les conséquences l'ont épargnée. Loin de là.
"Je l'ai quitté, mais je suis sortie exsangue de cette relation. L'idée de me coltiner la solitude, c'était comme le ciel qui me tombait sur la tête" révélait-elle dans L'Obs à l'époque. Cette histoire de cinq ans aura raison de son équilibre mental puisque Blanche Gardin plonge dans une profonde dépression au point d'être internée dans un hôpital psychiatrique. Là où des patients réussissent à s'en sortir grâce à des traitements médicamenteux, l'humoriste trouve refuge dans l'écriture.
C'est à sa dépression que Blanche Gardin doit son tout premier spectacle, Il faut que je vous parle. "Il est né dans une chambre d'hôpital psychiatrique où je tentais de me soigner d'une dépression, cette fois-là déclenchée par une rupture amoureuse. Le psy qui s'occupait de moi m'avait suggéré d'écrire une sorte de biographie, exercice censé déplacer le point de vue par la recontextualisation et la formalisation écrite des émotions" faisait-elle savoir à l'époque au Parisien.
Blessée dans son amour propre, Blanche Gardin a eu du mal à croire en son talent et en ses capacités à faire rire le monde. Pour éviter de se sentir humiliée en France, la compagne de Louis C.K. a pris le large aux Etats-Unis : "En sortant de l'hosto, je me suis mis en tête d'écrire tout ça en anglais et d'aller tenter ma chance outre-Atlantique au 'vrai' pays du stand-up. En réalité, j'étais surtout morte de trouille à l'idée que mes considérations nombrilistes n'intéressent pas le public français."
En tentant sa chance au Jamel Comedy Club, Blanche Gardin a eu une révélation : "Ce soir-là, au moment où j'ai dit 'Bonsoir' en français, tout s'est éclairé. Je m'étais mis un boulet de 100 kg autour du pied en voulant jouer en anglais. Et d'un coup, en parlant français, tout me paraissait possible." Sans doute à partir de ce moment-là que Blanche a cessé de voir tout en noir...