A l'occasion de la sortie le 22 juin du film Omar m'a tuer signé Roschdy Zem, avec l'impressionnant Sami Bouajila en jardinier accusé, la rédaction de Purepeople s'est décidée à faire toute la lumière sur dix films ayant trait aux scandales judiciaires sur des faits d'actualité réels. Car le cinéma est parfois un moyen de remettre en perspective quelques réalités sur des cas souvent bien épineux.
Omar m'a tuer : il y a tout juste dix ans, l'affaire cristallise toute l'attention des médias quand une riche héritière meurt dans sa cave en inscrivant "Omar m'a tuer" (la faute est d'origine) sur le mur avec son sang, en 1991. Omar Raddad, jardinier de la victime, est donc condamné à 18 ans de prison alors qu'aucune preuve tangible de sa culpabilité existe. Finalement, cet homme sans histoire est libéré en 1998, après une remise de peine accordé par le président Jacques Chirac. "En étudiant l'aspect judiciaire, les zones d'ombre, touts les détails qu'on dévoile dans le film, j'ai découvert qu'on pouvait condamner quelqu'un à dix-huit ans de prison sur un dossier aussi fragile," a expliqué le néo-réalisateur Roschdy Zem au Parisien. Il s'est notamment appuyé sur l'ouvrage Omar : la construction d'un coupable, de Jean-Marie Rouart, essayiste, romancier et chroniqueur français.
Les coupables idéaux
Sorti en 2000, Hurricane Carter est un film aux accents assez sembables à ceux d'Omar m'a tuer. Accusé à tort d'un triple meurtre, le boxeur Rubin Carter (Denzel Washington) tente de prouver son innocence grâce à une autobiographie et à un jeune étudiant convaincu de sa bonne foi. Le racisme aura été le principal mobile d'accusation. Dans la réalité, après 22 ans de prison, le non-lieu est prononcé, et l'homme est libéré en 1988. Néanmoins, le doute demeure sur la non-culpabilité de M. Carter pour beaucoup d'Américains.
Le Coupable Idéal existe-t-il ? Il semblerait que oui. En mai 2000, une touriste est assassinée à Jacksonville, en Floride. Tout accuse Brenton Butler, un ado noir de 15 ans qui réside dans le quartier où le meurtre est perpétré. Ses avocats vont alors tout faire pour prouver l'innocence de celui que la police va aller jusqu'à battre, tout cela pour l'obliger à avouer. Le documentaire de Jean-Xavier de Lestrade, sorti deux ans après l'affaire, fait la lumière sur celle-ci. Et ça fait froid dans le dos...
Dans Conviction, la double Osacrisée Hilary Swank sacrifie tout pour son grand frère chéri - joué par Sam Rockwell -, condamné à la prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Au point de devenir avocate de carrière à plus de 30 ans alors qu'elle avait arrêté ses études à 17 ans. Au point de mettre de côté sa vie de famille. Aidée par sa meilleure amie, elle se débat pour faire éclater la vérité sur son frère Kenny Waters. Après 19 ans de prison, l'arrivée de l'analyse ADN lui procurera enfin le bonheur de sa vie. Les preuves qui l'innocentent existent !En Irlande également, la justice a parfois sévèrement battu de l'aile. Quand une petite frappe qui va de petits larçins en petits larçins est accusée par la police d'attentats sérieux fomentés par l'IRA à Belfast, plus rien ne va. Forcé par les autorités à en assumer la paternité, Gerry Conlon (Daniel Day-Lewis) se soumet et entraîne dans sa chute famille et amis. Il meurt en prison cinq ans plus tard. Les autres sont seulement libérés quinze ans plus tard, la police ayant caché à la Défense des preuves d'innocence ! Film culte de 1993, Au nom du père gagne l'Ours d'or de Berlin et obtient 7 nominations aux Oscars.
La justice française en question
Etes-vous anti-Dreyfusard ? Aujourd'hui, il n'est plus raisonnable de l'être, la vérité faisant loi, mais il y a quelques décennies... Il faut avouer que l'Affaire Dreyfus reste un moment fort de l'Histoire de France. Alors que cet officier n'avait rien à se reprocher, il se voit accuser d'espionnage. Son procès crée les plus vives polémiques et déclenche les passions, en témoigne le texte J'accuse d'Emile Zola. José Ferrer, en 1958, adapte sur grand écran L'Affaire Dreyfus qui a divisé l'Hexagone. Le réalisateur joue lui-même l'officier.
En 1973, L'Affaire Dominici est adaptée au cinéma avec Jean Gabin en tête d'affiche. Victor Lanoux et même un jeune Gérard Depardieu participent à ce long métrage sur fond de manipulation. L'histoire ? Un patriarche, Gaston Dominici, est accusé par la justice mais aussi par sa propre famille du meurtre de trois Anglais aux abords de sa propriété. Finalement, il réussira à obtenir gain de cause. Mais qui est l'auteur de ces crimes horribles ?
Autre scandale qui a connu les faveurs du cinéma, l'histoire d'Henri Charrière, surnommé Papillon, accusé à tort du meurtre d'un de ses amis tué par un certain papillon Roger. La police arrête Charrière, qui est surnommé Papillon Pouce-Coupé. Trainé au bagne en Guyane, il rédige Papillon (1939), oeuvre sur laquelle se base les studios américains pour adapter l'oeuvre Papillon au ciné. C'est Steve McQueen qui incarne le bagnard, et le casting compte également Dustin Hoffman. A découvrir.
Dans Présumé Coupable, film qui sortira le 7 septembre 2011 avec Philippe Torreton dans le premier rôle, il s'agira de prêter attention au procès d'Outreau, ce spectaculaire scandale qui a agité les tribunaux français à partir de 2011. Le film se focalisera plus particulièrement sur la personne d'Alain Marécaux, accusé ainsi que sa femme d'actes pédophiles qu'ils n'ont jamais commis ! Pris dans une machine médiatique sans précédent, le couple va sans arrêt clamer son innocence jusqu'à obtenir gain de cause après 23 mois d'incarcération. Il est libre depuis 2005. Le film reviendra sur les machinations et pressions qui ont entouré cette célèbre affaire.
La rédemption finale
L'histoire vraie de Stan "Tookie" Williams est celle d'un chef du gang Crips de Los Angeles qui, arrêté et condamné à mort pour meurtres, devient un apôtre de la non-violence en prison. Alors certes, le film Redemption ne rentre pas tout à fait dans notre catégorie. En effet, Tookie n'est pas condamné à tort, c'est un tueur. Mais en prison, il change radicalement, au point d'être pressenti pour le Prix Nobel de la Paix. Jamie Foxx donne du cachet à ce film sorti en 2004.
Malheureusement, la justice américaine, impassible, a exécuté en 2005 par injection létale celui qui avait réussi à mettre fin à la guerre des gangs à Los Angeles et qui avait attiré la compassion de la femme de Nelson Mandela et de milliers de gens.
Rien n'est jamais parfait, même dans les démocraties les plus modernes. Ce petit florilège en est la preuve. Et le cinéma, en les mettant en lumière, les dénonce et les combat. Merci le septième art !