Peut-on rire de tout ? Aux États-Unis, la réponse est visiblement non. Les producteurs de la comédie française de l'année, Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?, se sont heurtés à une dure réalité au moment de chercher un distributeur américain pour permettre à leur film d'évoluer sur les écrans américains. Selon Le Point, les distributeurs locaux se sont montrés réticents, craignant que le public trouve "l'humour trop politiquement incorrect".
Pour Sabine Chemaly, directrice internationale des ventes de TF1, les Américains "ont une approche culturelle très différente de la nôtre". Le film, qui a dépassé les 12 millions d'entrées sur le sol français, dresse le portrait sans concession et blindé d'humour d'une famille bourgeoise, composée de quatre filles et de leurs parents. Leur particularité ? La première fille a épousé un Musulman, la deuxième, un Juif, la troisième, un Chinois et la quatrième, un Catholique... mais noir. "Nos contacts l'ont trouvé politiquement incorrect, raconte la directrice. Jamais ils ne se permettraient aujourd'hui de rire sur les Noirs, les Juifs ou les Asiatiques." Elle poursuit : "Ils sont évidemment excités par le succès du film, mais ils refusent de le diffuser tel quel. Ils savent que cela va d'emblée créer de trop grandes polémiques chez eux." En France pourtant, ce type d'humour est largement répandu. Le succès du Bon Dieu pour témoin, alors qu'une suite se prépare déjà.
Ce n'est pas la première fois qu'un film français est taxé de racisme par des observateurs américains. Pourtant distribué par Harvey Weinstein et même adapté dans le cadre d'un remake américain, le film Intouchables avait essuyé quelques critiques, dont celle, virulente, de l'influent Variety, qui avait accusé la comédie portée par Omar Sy et François Cluzet d'être "raciste" et "cliché". Aux États-Unis, Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? pourrait ne jamais sortir en salles dans sa version française, mais faire l'objet d'un remake qui, selon Sabine Chemaly, serait "spécialement conçu et adapté à la culture anglo-saxonne".