"Son portable dans ses bottines" : Marie Trintignant, une célèbre amie détaille "l'oppression" vécue avec Bertrand Cantat

Le temps passe mais personne n'oublie. Il y a 20 ans, dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003, Bertrand Cantat a tué Marie Trintignant dans une chambre d'hôtel du Domina Plaza à Vilnius, en Lituanie. La comédienne tournait, à ce moment-là, le téléfilm Colette, une femme libre, de sa mère Nadine Trintignant, dans lequel elle tenait le premier rôle. C'était un bonheur, pour elle, de retrouver les plateaux de tournage, d'autant que sa grande amie Lio était à l'affiche. Cette dernière ne décolère d'ailleurs pas, après les deux décennies qui se sont écoulées depuis le drame.

Interrogée dans les colonnes du journal Libération, Lio se souvient d'une Marie Trintignant qui avait perdu un peu du soleil qui animait habituellement ses yeux. "Je la trouvais fatiguée, raconte-t-elle. Par deux fois, elle avait annulé un dîner ; ça ne lui ressemblait pas. Quelque chose ne tournait pas rond mais jamais je n'ai pensé qu'elle était en danger avec Bertrand Cantat. Je m'en veux tant." Lio a elle aussi vécu des violences conjugales. Elle s'est toujours opposée à la théorie du "crime passionnel", se fichant bien des conséquences que cela pourrait avoir sur sa carrière.

Quatre ans de prison, c'est ce que vaut la vie d'une femme ?

Sur le tournage du téléfilm Colette, une femme libre, Lio avait remarqué que quelque chose clochait. "Ce qui m'avait marquée, c'est qu'il l'appelait des dizaines de fois par jour, sans arrêt, soulève l'artiste. Pour ne pas louper ses appels, elle avait mis son portable sur vibreur, dans ses bottines. Elle se sentait oppressée, mais disait que c'était sa faute, qu'elle lui en avait trop demandé. Je pense que c'est ce qu'il lui mettait en tête. Je connais très bien ce procédé d'emprise et de manipulation." Après avoir tué Marie Trintignant, Bertrand Cantat a écopé d'une peine relativement légère. Il peut désormais écrire pour d'autre et s'était lancé, par exemple, en 2016, dans une tournée de lecture de textes poétiques, accompagné par deux musiciens. "A ceux qui disent qu'il a payé sa dette, je réponds : quatre ans de prison, c'est ce que vaut la vie d'une femme ?", conclut Lio.

Retrouvez l'interview de Lio dans le journal Libération du 27 juillet 2023.