Durant l'été 2003, dans une chambre d'hôtel à Vilnius en Lituanie, une violente dispute éclate entre Marie Trintignant, en tournage dans le pays, et son compagnon de l'époque Bertrand Cantat. Dans la nuit du 26 au 27 juillet, ce dernier la roue de coups, jusqu'à la laisser dans un état gravissime. Quelques jours plus tard, elle décède dans une clinique de Neuilly-sur-Seine. Dans son ouvrage Désir Noir, paru ce mercredi 15 mars aux éditions Flammarion, la journaliste Anne-Sophie Jahn est revenue sur ce drame, et révèle notamment de terribles détails concernant le moment qui a suivi les coups.
"Marie est étendue sur le tapis. Il la déshabille et la couche nue, inconsciente dans le lit. Elle ne dit rien, elle n'ouvre pas les yeux. Le chanteur ne s'en inquiète pas. Il pose un linge humide sur son visage brisé. Est-il possible qu'il n'ait pas compris la gravité de son geste. Un peu après minuit et demi, la concierge qui a entendu 'comme des coups de poing sur la table, des glissades de chaises sur le sol et des chutes de chaises', tape à la porte pour leur demander de faire moins de bruit", écrit-elle.
Bertrand Cantat a décidé dans la foulée d'appeler le réalisateur Samuel Benchetrit, l'ex-compagnon de Marie, en l'interdisant dorénavant de la fréquenter, et lui assurant que désormais leurs relations se limiteront "à des questions d'organisation pour la vie de leur fils" Jules. Un échange lunaire.
Des traces de coups, des ecchymoses sous-cutanées...
Se rendant compte par la suite de la gravité de ses coups, Bertrand Cantat décidera plus tard dans la nuit d'appeler, non pas les secours, mais le frère de Marie, Vincent. Ce dernier s'est alors rendu à l'appartement, lorsqu'il a appris que le chanteur s'était bagarré avec sa soeur. Il prendra cependant un petit moment avant de se rendre compte que la situation est bien plus grave que ce qu'il imagine et que la chanteuse est, non pas endormie comme lui avait fait croire Bertrand Cantat, mais "inconsciente".
"Du sang coule de sa bouche", détaille Anne-Sophie Jahn. Vincent prévient alors la concierge et sa soeur est emmenée dans un hôpital universitaire de Vilnius. "J'ai constaté qu'elle se trouvait dans un coma profond. On voyait carrément sur le visage des traces de coups, des ecchymoses sous-cutanées. Du côté du thorax, il y avait des traces de coups. Et aussi sur le dos et les cuisses. On sentait dans l'haleine une odeur d'alcool", avait raconté l'ambulancier au Parisien. Un récit glaçant.
A noter que Bertrand Cantat avait été condamné à huit ans de prison pour son acte, mais il avait pu bénéficier d'une liberté conditionnelle pour bonne conduite en octobre 2007, après avoir purgé la moitié de sa peine. Il avait finalement été totalement libre trois ans plus tard.