C'est à Douchy que tout se déroule. Entre quatre murs et ses 120 hectares, un lot de "drame shakespearien", comme le décrit si bien Alain-Fabien Delon. Alors que le Samouraï fait la couverture de cette édition de Paris Match, du jeudi 11 janvier, c'est Alain-Fabien, son plus jeune fils, qui s'y confie à l'occasion d'un long entretien qui fait lumière sur cette triste affaire familiale et juridique, qui fait les gros titres depuis des jours. À 29 ans, le frère d'Anthony et Anouchka Delon – fils comme cette dernière de Rosalie Van Breemen –, vit désormais à Douchy où il surveille son père Alain Delon. Une vie difficile dont il parle sans filtre et avec justesse.
"Depuis six mois, à cause des tensions incessantes, les choses sont devenues invivables ici. [...] Je fume à nouveau, je suis en train de me perdre ici... Je suis tout seul la plupart du temps à essayer de rafistoler une maison où tout est cassé, où l'électricité ne marche pas. Je suis toute la journée en train de gérer des employés, les états d'âme des uns et des autres, gérer mon père qui me demande sans cesse si on est le matin ou le soir." Le ton est donné. S'il assure avoir essayer de parler avec sa soeur Anouchka, qui est dans cette affaire opposée à Anthony et lui, il est formel, "on ne peut pas parler avec ma soeur". "C'est ce qu'elle veut ou rien", précise Alain-Fabien Delon à nos confrères de Paris Match. À quoi ressemble le quotidien de ce jeune homme, lui qui partage normalement son temps entre la comédie et l'écriture de scénarios ? "Moi je suis avec mon père 24 heures sur 24", fait savoir celui qui voit avec "amertume et regret" qu'Anouchka Delon tente de les écarter lui et son grand frère Anthony, fils d'Alain et Nathalie.
Lorsqu'il veut échanger avec son père Alain Delon, Alain-Fabien est dans l'obligation de mettre un genou à terre, ou de se coller au plus près pour l'entendre. C'est de voir son état se dégrader, mais aussi de savoir la clinique privée choisie par Anouchka si loin de Douchy – la clinique de Grenolier près de Genève se situe à plus de 500 kilomètres de route par ambulance – qui le font rester désormais auprès de son père. "Pendant des années, je n'ai pas été là, je vivais ma vie, je voyais mon père de temps en temps parce qu'on avait une relation tumultueuse, difficile, comme il en a toujours eu avec tous les hommes dans sa famille."
Lorsqu'il découvre qu'Hiromi Rollin, qui veille sur Alain Delon jusque là, a l'habitude de le laisser seul, il se décide à se rapprocher. "Pour arranger tout le monde, alors que je m'étais engagé à écrire un scénario, que j'avais des castings à passer, je me suis retrouvé là, à plein temps, déclaré Alain-Fabien Delon. Les débuts ont été difficiles." Et lorsqu'on évoque le cas de l'ancienne dame de compagnie d'Alain Delon, il dit avec franchise : "Comment ne pas être à cran dans cette maison où l'on vit en permanence un drame shakespearien..." "Je reste parce que j'aime mon père", conclut-il. "Vous trouvez ça normal qu'un mec de 29 ans, foutu dehors, renié, méprisé toute sa jeunesse, se retrouve ici à sacrifier son temps ? Je ne fais que ça, m'occuper de mon père, et ma soeur, elle, fait tout pour me donner envie de me barrer. [...] Ou elle va le faire enfermer en Suisse ? J'ignore pourquoi c'est son obsession, mais je sais en revanche que quand il est là-bas, elle ne va pas non plus le voir. Une fin, seul, dans un hôpital, c'est comme ça que mérite de mourir le Samouraï ?"