La popularité de Michel Cymès et Adriana Karembeu, qui animent ensemble les émissions sur la médecine pour France 2, est indéniable. Pour autant, le médecin et l'ambassadrice de la Croix-Rouge française ne font pas l'unanimité. La preuve avec la colère de représentants des sapeurs-pompiers, à la suite du programme Le Test qui sauve diffusé le 6 juin.
Ce show télévisé a pour but de sensibiliser les téléspectateurs sur les gestes de premiers secours. Mais la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France (FNSPF) ne cautionne pas le travail fait pointant du doigt notamment la séquence où Michel Cymès tente d'éteindre l'incendie d'une friteuse.
Sur son site officiel, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France a publié un long message pour informer le public qu'elle ne validait pas le traitement de la question fait par l'émission de France 2, pointant du doigt le fait qu'aucun pompier n'ait été sollicité pour son expertise – la chaîne a fait appel à une société privée de formation incendie –, et que les scénarios montrés manquent de réalisme. "Une telle mise en danger n'est pas acceptable et ne devrait pas être pratiquée et les images encore moins diffusées à plus de 2 400 000 spectateurs (chiffres Médiamétrie)", lit-on sur le communiqué.
En effet, si la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) se réjouit qu'une émission relayant des messages forts en termes de formation du grand public aux gestes qui sauvent soit diffusée à une heure de grande écoute et sur une chaîne nationale, elle déplore et désapprouve fortement les messages contre-productifs délivrés, en particulier concernant le risque incendie :
"Notre incompréhension est d'autant plus grande que les démonstrations effectuées par cette société sont certes spectaculaires, mais surtout extrêmement dangereuses et diffusent des messages de conduites à tenir propices à aggraver la situation des personnes en danger." C'est ainsi qu'est détaillée la scène de "la spectaculaire démonstration du feu de friteuse (qui plus est en extérieur, donc hors de conditions réelles)" : Elle "aboutit à des conseils de conduite à tenir consistant à éteindre le feu soi-même par l'apposition d'un couvercle ou d'une serpillière humide. Or, ce geste est particulièrement dangereux à effectuer par le téléspectateur et l'expérience quotidienne des sapeurs-pompiers démontre qu'elle donne régulièrement lieu à des brûlures extrêmement graves aux avant-bras ainsi qu'à des intoxications graves dues à la toxicité des fumées d'aliment en feu."
La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France "recommande de ne pas intervenir soi-même, de se protéger et d'appeler les secours afin de ne pas risquer d'aggraver la situation. Si nous ne remettons pas en cause le geste, nous pensons que seules des personnes dûment formées et équipées (ce qui n'est pas le cas du téléspectateur) peuvent le pratiquer".
Un mécontentement qui devrait faire réagir France 2 et ses animateurs puisque le message a été envoyé à la chaîne, aux sociétés de production de l'émission, ainsi qu'à l'animateur ; à l'entreprise privée (FFI – Fort Domont) qui a diffusé les messages sur le risque incendie ; au président de la Croix-Rouge française, ainsi qu'à son ambassadrice et au directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises.
Contacté par Le Figaro, David Gonne, producteur artistique du Test qui sauve a reconnu que Michel Cymès avait bien été muni d'un masque à oxygène mais qu'il ne l'avait pas porté "pour des raisons télévisuelles" car "sinon il n'y aurait pas pu avoir de dialogue". Quant au fait d'avoir recours à la société privée Le Fort de Domont, et non à des Sapeurs-Pompiers, c'est "vraisemblablement" selon lui que "Le Fort de Domont pouvait réagir plus vite".
"Tout ceci est insupportable et la FNSPF a fait savoir à tous les acteurs de cette émission que les sapeurs-pompiers de France se tenaient disponibles pour travailler à l'avenir sur des scénarios plus proches des conditions réelles et des mises en situation qui permettraient réellement aux téléspectateurs d'agir en citoyens acteurs de leur propre sécurité", indique la FNSPF, qui en colère certes, ouvre la voie à une collaboration pour le futur.