Les deux rugbymen français inculpés de viol en Argentine étaient mardi soir 3 septembre en partance pour la France, après avoir été autorisés par la justice à quitter le pays sud-américain, où selon leur avocat, ils ont vécu pendant deux mois un "film d'horreur". Hugo Auradou et Oscar Jegou, après s'être enregistrés à l'aéroport Ezeiza de Buenos Aires, se sont dirigés vers la zone d'immigration sans faire de déclaration, a constaté l'AFP. Selon leur avocat argentin Rafael Cuneo Libarona présent, ils devaient embarquer à bord d'un vol pour Paris peu avant minuit, attendu en France mercredi en fin d'après-midi. La Fédération française de rugby (FFR) a salué "avec satisfaction" le retour en France des joueurs, une "nouvelle avancée vers la vérité judiciaire des faits".
Bernard Laporte, ancien président de la Fédération française de rugby, s'est exprimé devant la caméras de BFMTV ce mercredi. S'il a commencé par préciser qu'ils ne "sont pas totalement innocentés" car ils restent mis en examen, il se dit soulagé pour les deux jeunes hommes ainsi que leur famille - Bernard Laporte connaît d'ailleurs bien le père de l'un d'eux. "Les voir rentrer en France montre qu'il n'y a pas assez de preuves pour les garder", explique-t-il.
Pour Bernard Laporte, l'issue sera favorable pour les joueurs. Quant à leur retour, c'est à leur club, Pau et la Rochelle, de prendre cette décision. Il ne cache pas toutefois trouver assez "lâche" de les avoir traînés dans la boue. Selon lui, leur honneur a été sali, une période difficile à encaisser pour eux. Le cadre de rugby revient également sur sa surprise de voir une soirée aussi arrosée avec des joueurs qui devaient continuer leurs matches : "Il est évident qu'il y a eu des manquements dans l'encadrement."
Reste que la parole de la plaignante va être entendue, par la justice mais aussi dans les médias. Elle a été interrogée par Envoyé spécial pour son numéro du 6 septembre. "'Il m'a attrapé le cou, m'a mise sur le lit et m'a déshabillée comme une brute', Soledad, victime présumée de viol dans l'affaire Auradou-Jegou, se confie en exclusivité à Envoyé spécial sur France 2", lit-on sur X.
Hugo Auradou et Oscar Jegou de retour en France
Dans la journée, les deux joueurs ont reçu le feu vert pour quitter l'Argentine lors d'une audience - en leur absence - au tribunal de Mendoza. La justice a suivi les recommandations du parquet selon lesquelles l'accusation a "perdu de sa force initiale". A l'audience, l'accusation "ne s'est pas opposée", a précisé le tribunal de Mendoza dans un communiqué. Auradou et Jegou, deux internationaux de 21 ans, restent inculpés, depuis près de deux mois, pour viol aggravé commis en réunion. Les faits présumés de violence seraient survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d'hôtel de Mendoza, après une victoire du XV de France contre l'Argentine, première sélection pour les deux joueurs.
Les joueurs français affirment que les relations sexuelles avec la plaignante, une Argentine de 39 ans et mère d'un enfant, rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties. Et ils nient toute violence, alors que l'avocate de la plaignante a évoqué "une violence terrible" qui a vu sa cliente "sauvagement battue". Ses avocats indiquent par ailleurs qu'elle a fait une tentative de suicide.
D'abord en détention pendant un peu plus d'une semaine, Auradou et Jegou ont été assignés à résidence mi-juillet à Mendoza, sous bracelet électronique, puis remis en liberté le 12 août, avec interdiction de quitter l'Argentine. Une demande de non-lieu, déposée par les avocats des joueurs la semaine dernière, doit désormais être examinée par la justice. Lundi, la justice avait rejeté une demande de récusation (par les avocats de la plaignante) des deux procureurs chargés de l'enquête. Ils reprochaient aux magistrats d'avoir fait preuve de "manque d'objectivité" et d'avoir "jugé au lieu d'enquêter".
Interrogé sur d'éventuelles poursuites ultérieures contre la plaignante, l'avocat des sportifs Me Cuneo Libarona a indiqué qu"on y réfléchit beaucoup", et qu'il y serait personnellement favorable, une fois le non-lieu examiné. "Quand tout cela sera fini, on va l'analyser avec les familles (des joueurs) et eux décideront". "Nous vivons une époque très sensible qu'il faut respecter (...) mais il ne faut pas abuser de ces situations", a-t-il commenté.