D'un côté il y a cette affaire d'abus de faiblesse : François-Marie Banier, photographe et mondain, fut longtemps le confident de l'héritière L'Oréal et aurait bénéficié de près d'un milliard d'euros de cadeaux en tout genre. Condamné par deux fois, au côté de son compagnon Martin d'Orgeval parmi d'autres, il s'est pourvu en cassation. Mais Banier avait aussi contre-attaqué pendant l'instruction du dossier, en portant plainte contre Françoise Bettencourt-Meyers, la fille de la milliardaire, pour subordination de témoins. Ce volet de l'affaire pourrait arriver à son terme.
Après enquête, le 7 juillet 2016, Françoise Bettencourt-Meyers était mise en examen pour "subordination de témoins". Dans son sillage, l'ex-comptable Claire Thibout ainsi que trois autres anciennes employées et une amie de la milliardaire l'étaient pour "faux témoignages". Toutes avaient décrit l'emprise quasi-démoniaque de François-Marie Banier sur Liliane Bettencourt... Des témoignages évidemment accablants.
Chargés des investigations, le juge Roger Le Loire et la section de recherches de la gendarmerie de Paris soupçonnent Françoise Meyers d'avoir instrumentalisé la justice en orientant les témoignages en sa faveur. Quitte à rétribuer le personnel de maison. Au centre des soupçons : Claire Thibout, comptable de Mme Bettencourt mère. Les enquêteurs ont en effet découvert l'existence d'un accord sur un versement de 400 000 € daté de juillet 2007, puis d'un prêt de 300 000 € accordé par Françoise Meyers en novembre 2012, un moment clef de la procédure. Interrogée par le juge pour savoir s'il s'agissait d'influencer le cours de la justice, cette dernière assure qu'il n'en est rien et que les versements devaient permettre à l'ex-comptable, licenciée depuis, de "se reconstruire". Explications qui n'ont pas convaincu le magistrat, au vu de son patrimoine... Claire Thibout a été mis en examen pour "faux témoignage" comme quatre autres employées. Et Françoise Meyers pour "subornation" de témoin en juillet 2016.
Pourtant, ce mercredi 30 août 2017, l'AFP, reprenant une information du Parisien, nous apprend que le photographe et Françoise Bettencourt-Meyers "ont passé un 'accord' pour mettre un terme à leurs 'litiges', comme le mentionne le réquisitoire de non-lieu pris par le parquet de Paris dans ce volet" de l'affaire, un non-lieu général dans ce dossier de faux témoignages, pris le 10 août dernier. Ce réquisitoire évoque un "protocole transactionnel" entre les deux parties dont on ignore les détails, et dont le juge n'a été informé qu'après la clôture de son enquête...
Une nouvelle fois, en demandant un non-lieu général, le parquet de Paris prend le contre-pied de Roger Le Loire, s'étonne Le Parisien. Ainsi lorsque ce dernier, doyen des juges du pôle financier, avait sollicité l'élargissement de son enquête à la subornation de témoin, le parquet ne l'avait pas suivi au motif que "ces faits avaient d'ores et déjà été examinés dans le cadre d'une instruction" à Bordeaux.
Le Parisien précise qu'ils ont décidé "de mettre un terme définitif aux litiges qui les opposaient". François-Marie Banier se désiste de sa constitution de partie civile tant à l'égard de Madame Françoise Bettencourt-Meyers, qu'à l'égard des autres mis en examen, indique le réquisitoire.
Cet accord a été passé le 18 mai 2017 mais suffira-t-il ? Si le parquet demande le non-lieu, c'est au juge d'instruction Dominique Blanc – en charge du dossier aujourd'hui à la place du juge Le Loire promu à Nanterre –, accord ou pas entre les parties, de décider de renvoyer ou non les adversaires devant un tribunal correctionnel.
Rappelons qu'en première instance lors du procès pour abus de faiblesse, François-Marie Banier avec été condamné à trois ans de prison dont six mois avec sursis et 350 000 euros d'amende. Il devait également verser la somme de 158 millions d'euros de dommages et intérêts. Lors de son second procès au printemps 2016, la justice s'était montré plus clémente le condamnant à quatre ans de prison avec sursis et 375 000 euros d'amende sans dommages et intérêts. Le photographe avait pourtant décidé de saisir la cour de cassation.