Mercredi 31 mars, l'annonce - publiée en exclusivité par Renaud Revel du magazine l'Express - est reprise en fanfare par tous les médias : Geneviève de Fontenay claquait la porte de son bureau de directrice adjointe de la société Miss France - sans toutefois démissionner ! -, une décision motivée par l'effritement de l'image de la marque Miss France, ces dernières années, selon la Dame au Chapeau... On pense évidemment aux scandales de Valérie Bègue, et plus récemment, celui de Kelly Bochenko, ex-Miss Paris 2010, qui dévoilait les parties les plus intimes de son anatomie lors d'un shooting dont les clichés ont finalement été vendus à Entrevue, provoquant sa destitution par décision de la société Miss France en accord avec le comité.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour Geneviève, la poussant à déclarer qu'elle quittait la société Miss France mais ne démissionnerait pas et saisirait les prud'hommes, c'est l'entrée de Kelly Bochenko dans la Ferme Célébrités, un jeu de télé-réalité produit par Endemol, qui n'est autre que le détenteur de la Société Miss France.
Avec la polémique suscitée par son départ - mais aussi l'incertitude quant au mode de fonctionnement de la prochaine élection prévue pour le premier samedi de décembre, bien que Geneviève déclare qu'elle est prête à assumer son mandat jusqu'au bout, la société Endemol faisait un communiqué cinglant et une réponse point par point à Madame de Fontenay. La tentation du "jackpot" organisé par elle et son fils qui pourrait la manipuler a même été clairement dénoncée dans le communiqué d'Endemol. Xavier de Fontenay s'est exprimé sans aucun souci dans un interview au site de Téléloisirs.fr et a donné le chiffre de rachat de la société Miss france en 2002 , environ 6 millions d'euros. Aujourd'hui, Sylvie Tellier qui a été adoubée par Geneviève, elle la considerait même comme celle qui prendrait sa succession - a clairement pris position pour son employeur Endemol, accusant elle aussi Xavier de Fontenay de manipuler sa mère. Après avoir donné de nombreux interviews, la dame au chapeau, toujours droite dans ses bottes, a envoyé ce soir, elle aussi un communiqué net et précis que nous publions ci-dessous en intégralité :
"Le 31 mars, j'ai exprimé haut et fort à l'Express pour quelles raisons je ne pouvais plus continuer de cautionner l'image actuelle que l'on a fini par donner du concours Miss France.
Endemol et la société Miss France, organisatrice de l'élection, ont réagi violemment par un communiqué du même jour auquel je me dois de répondre car, au-delà de certains aspects juridiques qui seront tranchés par les Tribunaux, elles manipulent la réalité et cherchent à me faire passer pour quelqu'un d'intéressé, de faible ou de cynique, ce que je ne suis pas.
Si mon fils Xavier et moi avons cédé Miss France au Groupe Endemol, c'est parce que ses actionnaires et dirigeants de l'époque avaient compris que ce concours représentait des valeurs fortes : la grâce, la beauté, la diversité, l'ouverture vers les autres, ce qui pour moi et pour beaucoup, sont des valeurs françaises profondes.
Le fait que les candidates ne soient pas choisies au hasard d'un casting comme dans la plupart des pays, mais lors d'élections locales puis régionales, constitue par ailleurs l'originalité de cette organisation soutenue par des délégués bénévoles qui ont toujours cru à ces valeurs, les ont toujours mises en avant et veulent y croire encore.
Tout cela je pense qu'Endemol y croyait également et sincèrement. Axel Duroux , alors son Président, me l'avait assuré et n'a jamais failli dans son soutien à l'image de Miss France telle que je l'ai toujours conçue.
Mais fin 2007, Endemol a été rachetée notamment par une filiale de Mediaset, le groupe de télévision italien de Sylvio Berlusconi. Les équipes ont alors changé et très certainement aussi les objectifs.
Comme par hasard, c'est en décembre 2007 qu'a été élue Valérie Bègue, Miss France 2008, dont je devais découvrir quelques jours après des photos évocatrices et provocantes dans Entrevue. Ça a été pour moi un premier choc qui m'a profondément affligée. Néanmoins j'ai accepté qu'elle ne soit pas destituée et qu'elle mène durant son règne sa vie de Miss France à laquelle j'ai refusé d'être associée.
L'élection de Chloé Morteau en décembre 2008 a été l'occasion d'un tour de passe-passe. Valérie Bègue a reparu à l'écran pour faire monter mon exaspération et par voie de conséquence l'audimat : on sacralisait ainsi non plus les valeurs que j'ai toujours prônées, mais une personne par laquelle le scandale était arrivé.
Fin 2009 enfin, Miss Paris se présente à l'élection et on découvre ensuite - et encore une fois dans Entrevue - qu'elle a posé pour des photos dénudées particulièrement suggestives et que je considère comme pornographiques.
Je dis alors en décembre mon écoeurement - encore une fois haut et fort - parce que sur les valeurs et le mensonge, je ne transige pas.
Que fait alors Endemol ?
Elle récupère cette Miss Paris destituée et la fait participer en février à la Ferme Célébrités, récompensant ainsi par une médiatisation et une rémunération provocantes, celle qui a menti aux délégués du Comité Miss France en leur cachant l'existence de ces photos, enfreint le règlement édicté par la société Miss France, filiale à 100 % d'Endemol, et prétendu, contre toute évidence, que ces photos avaient été prises plus ou moins à son insu. Et Endemol vient dire aujourd'hui que la présence de cette personne dans la Ferme Célébrités n'est que " le choix personnel d'une citoyenne à participer à un programme de téléréalité, les règles de la société Miss France ne pouvant s'appliquer à cette production " (sic).
De qui se moque-t-on ?
C'est bien sûr Endemol qui est venue chercher Kelly Bochenko pour lui proposer cette participation, c'est Endemol qui savait que je réagirai violemment et que cette réaction même sur-médiatiserait sa présence.
Le problème n'est pas celui de la participation de cette candidate à l'élection de Miss Paris puisqu'Endemol le reconnaît elle-même, les délégués ne pouvaient pas savoir qu'elle avait posé pour ces photos, mais celui de son exploitation ensuite pour faire monter l'audimat d'une autre production.
Prétendre maintenant que la société Miss France, Endemol ou son autre filiale qui a produit cette émission, n'ont aucun point commun, c'est prendre chacun pour un imbécile. En fait, on gagne mieux à mentir et à être l'objet d'un scandale, plutôt qu'à respecter les règles.
Comment rester crédible alors auprès des futures candidates et de leurs parents ?
En tout cas, je ne veux plus que mon nom soit associé à ces dérives. Je défends peut être des valeurs ringardes, mais j'y crois et beaucoup avec moi.
Miss France ce n'est pas Miss Trash : les Miss France qui ont été élues depuis près de 60 ans sont comme moi et ne se reconnaissent pas dans cette évolution.
Contrairement à ce que la société Miss France prétend dans son communiqué, rien n'était prémédité. S'il n'y avait pas eu " l'affaire Bochenko ", j'aurais sans doute continué d'avaler des couleuvres.
Mais trop c'est trop. Ce dernier avatar enfonce le clou, les dirigeants d'Endemol veulent faire de Miss France ce contre quoi je me suis toujours opposée et c'est pour cela que contrainte et forcée, j'ai tiré ma révérence.
Ce que je ferai ensuite l'avenir le dira, mais j'ai ma liberté de penser, je ne suis ni gâteuse, ni manipulée et ce n'est pas aujourd'hui que je vais renoncer à ce qui était toute ma vie.
Contrairement à qu'Endemol pense, je ne recherche pas le jackpot et à près de 78 ans je n'ai pas l'ambition de refaire une fortune... que je n'ai jamais faite.
J'ai été une saltimbanque pendant 60 ans et recommencer à zéro, si cela doit m'arriver, ne me fait pas peur.
Quand enfin Endemol et la société Miss France soutiennent qu'elles défendront contre quiconque mon oeuvre et celle de mon défunt mari, elles se trompent totalement de sujet, ce que je défends et ai toujours défendu ce n'est certainement pas ce qu'elles font aujourd'hui de Miss France."
Dans cette réponse très claire et ne laissant rien passer, Geneviève de Fontenay ne parlait cependant pas de ce qu'Endemol, dans son communiqué, levait comme bouclier suprême contre elle, la clause de non-concurrence ! Interrogée par l'AFP sur ce sujet, là encore, sa réponse a été carrée et précise :
"La clause de "non concurrence "ne jouerait que si nous organisions une autre Miss France !
Personne ne peut nous empêcher d'organiser un autre concours de beauté avec une autre dénomination ". Pour donner une réponse aussi nette, La dame au chapeau et son fils Xavier ont, sans aucun doute, un bon avocat d'affaires !
Et c'est signé : Geneviève de Fontenay
Présidente du Comité Miss France
Directrice-Adjointe de la Société Miss France/Endemol
Chapeau, Geneviève !