En octobre dernier, une dizaine de femmes sortaient de leur silence après que les médias ont annoncé que Gilbert Rozon était accusé de harcèlement et d'agressions sexuels. L'animatrice Julie Snyder, elle, avait préféré porter plainte sans faire de déclarations dans les médias.
Quelques mois plus tard, celle que l'on a notamment pu voir dans l'émission L'Été indien diffusée sur France 2 a accepté de s'exprimer auprès de Radio canada, le 4 janvier dernier. L'occasion de revenir sur les raisons qui l'ont poussée à porter plainte.
"C'est un ensemble de facteurs qui ont déclenché ça. Je ne savais pas pour Pénélope [McQuade, animatrice qui a porté plainte contre Gilbert Rozon, NDLR], je n'avais aucune idée. Quand j'ai vu qu'elle recevait Gilbert Rozon, cet été, chez elle et qu'elle l'embrassait, je me suis identifiée à elle. Ça m'a donné un choc. Moi aussi j'ai fait comme si de rien n'était. Et je pense que c'est ce que les victimes font par mécanisme de défense, comme si de rien n'était. (...) Tu te rends compte que tu as beau courir, courir, tu ne fuis pas quelque chose qui est derrière toi, et qui est toujours à l'intérieur de toi, ça va toujours te rattraper...", a commencé la Québécoise de 50 ans.
La publication du texte d'Yves Boisvert dans La Presse, revenant sur le jugement de Gilbert Rozon en 1998, a également été un élément déclencheur. L'ancien juré de La France a un incroyable talent (M6) avait plaidé coupable concernant les accusations d'agression sexuelle d'une employée du Casino de Montréal dont il avait fait l'objet. Il avait pourtant reçu une absolution inconditionnelle, ce qui laissait penser aux victimes qu'avec de bons avocats, la personne accusée pouvait s'en sortir. "Quelqu'un comme Gilbert Rozon a les moyens et pour ceux qui ont des gros moyens, il y a une justice à deux vitesses", a regretté Julie Snyder.
Et pour finir, c'est un message Facebook intitulé "Comme si de rien n'était", qu'elle voulait publier, qui l'a poussée à se rendre au commissariat : "Je disais à la fin comment porter plainte ... Et j'ai fermé mon ordinateur en me disant : 'Je ne peux pas publier ça.' Moi-même je n'ai pas porté plainte, donc je suis qui, moi, pour dire aux autres 'Si vous avez été victime, portez donc plainte' ? Et je suis allée au poste de police."