Autrice et illustratrice engagée, Muriel Douru est passionnée d'écologie. Grâce à la notoriété qu'elle acquiert avec son blog relayé par le Huffington Post et son livre Chroniques d'une citoyenne engagée - pour lequel elle décroche le Out d'or en 2018 - elle attire l'attention. Son chemin croise la route d'une autre personnalité qui veut défendre la planète : Nicolas Hulot. Avec l'ancien présentateur-star de TF1 et ex-ministre de la Transition écologique, elle se lance dans une nouvelle aventure littéraire et graphique : Les Petits Pas ne suffisent pas, un essai publié en mars dernier aux éditions Rustica. Mais tout bascule lorsqu'éclate le scandale Hulot. Après une longue pause sur les réseaux sociaux, l'écrivaine féministe s'est livrée sur cette affaire, en voulant afficher toute la sincérité et la transparence possibles.
Dans un long texte, Muriel Douru s'exprime, comme elle l'a toujours fait, à coeur ouvert, pour partager son état d'esprit, ses opinions, ses coups de gueule comme ses bonheurs. Elle qui a toujours dénoncé toutes les violences sociétales se retrouve à la place de la "collabo". Elle a illustré un ouvrage qui lui importait beaucoup, un cri d'alarme pour la Terre. Mais son complice est Nicolas Hulot et depuis la diffusion de l'enquête d'Envoyé spécial qui montrent les témoignages édifiants de femmes qui l'accusent d'agressions sexuelles, l'artiste a perdu sa voix. Il lui a fallu du temps pour trouver les mots qui lui paraissaient les plus justes, au regard de la situation délicate dans laquelle elle se retrouve.
"Je suis ébranlée au point de ne plus me sentir légitime d'exprimer une opinion publiquement. Je ne le ferai plus avec la légèreté d'avant, sans être certaine de ce que j'avance mais, là tout de suite, je dois clore ce chapitre pour retrouver l'envie d'écrire et de dessiner", écrit Muriel Douru, visiblement toujours sous le choc des révélations. Elle ne remet aucune en cause la parole des femmes qui ont témoigné et les soutient. Cependant, elle se retrouve dans une situation inédite : "Cet accusé, j'ai travaillé pendant un an avec lui, chez lui, dans la plus grande intimité parfois. C'est facile de juger de manière définitive un inconnu qui nous paraît, de loin, antipathique. Ça l'est beaucoup moins quand il s'agit de quelqu'un qu'on connaît et qui s'est toujours montré sympathique."
Pour l'aider à développer sa pensée, Muriel Douru se rémémore les mots forts de l'actrice Adèle Haenel, qui avait dénoncé les actes pédophiles d'un réalisateur sur sa personne : "Les monstres, ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères. C'est ça qu'on doit regarder. Et on n'est pas là pour les éliminer, on est là pour les faire changer. Mais il faut passer par un moment où ils se regardent, où on se regarde."
Une délicate remise en cause qui perturbe son processus de création, notamment son nouveau projet de livre avec Médecins du monde sur les femmes en prison : "J'essaie de les voir comme autre chose que des 'méchantes', même si ce n'est pas facile quand j'ai connaissance de leurs crimes. (...) je sais que l'être humain n'est pas aussi manichéen qu'on aimerait le croire, qu'il est même souvent, sacrément complexe." Doutant plus que jamais de son travail, elle réfléchit à un livre qui lui permettrait de mettre à plat ses idées et son expérience qui fut enrichissante et est aujourd'hui douloureuse.
A l'image de Claire Chazal qui a bien connu Nicolas Hulot pour avoir été comme lui une star de TF1, Muriel Douru se retrouve dans une position délicate. Mais à l'inverse de la présentatrice historique du JT de 20H, elle s'exprime ouvertement sur cette question houleuse.
Nicolas Hulot reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés.