Impossible de tenter de comprendre le mythe Alain Delon sans plonger dans son histoire familiale. C'est ce qu'a fait le magazine Paris Match en recueillant une foule d'informations et de confidences venant de la star elle-même ou de ses proches, à l'heure du soixantième anniversaire de sa carrière. Dans le hors-série qu'a concocté la revue, on peut ainsi saisir la blessure que son enfance a provoqué au plus profond de l'acteur. Sa relation avec sa mère, Edith Delon surnommée Mounette, tient ainsi une grande part dans la construction de l'homme qu'il est devenu, père à son tour d'Anthony, Anouchka et Alain-Fabien.
Ce n'est pas ce que j'appelle une famille.
Elle qui était si admirative de son enfant si beau, Edith Delon, préparatrice en pharmacie, décide avec son mari de le placer en nourrice lorsqu'ils divorcent. L'enfant a 4 ans et ne saisit pas ce changement radical de vie : "Comment comprendre que vos parents se débarrassent de vous quand vous n'avez que 4 ans ? Ils divorçaient, refaisaient leur vie et moi, je me suis trouvé placé dans une famille d'accueil comme un orphelin. (...) J'avais 4 ans et ils ont eu d'autres enfants. Je n'étais pas leur priorité. J'avais 4 ans et ils m'ont viré. Je n'ai que des 'demis', des demi-frères, des demi-soeurs. Je suis resté proche de Paule-Edith, la fille de ma mère, j'ai revu mes demi-frères de temps à autre mais ce n'est pas ce que j'appelle une famille."
Alain Delon grandira sans eux, fera des bêtises et fuguera plusieurs fois dans sa jeunesse. A 17 ans, il travaille dans la charcuterie de son beau-père où la clientèle est subjuguée déjà par son aura puis il part en Indochine. Alors mineur, ses parents doivent donner leur accord et n'hésitent pas à ce qu'il aille faire la guerre : de quoi renforcer l'idée qu'ils ne tenaient pas beaucoup à lui : "Il en conçoit un sentiment de rupture. (...) En 1956, il rentre en France, il a coupé les ponts avec sa famille", écrit Paris Match.
D'un seul coup, ils se souvenaient qu'ils avaient un fils.
Avec le temps, après qu'il soit devenue une star, Alain Delon a-t-il tenté de s'expliquer avec eux ? "Mes parents ne m'ont pas fait de cadeaux, ils le savaient alors à quoi cela aurait-il servi d'en parler ? J'avais presque 70 ans quand ma mère est morte. Je n'ai jamais voulu remuer le passé, pour quoi faire ? Elle m'avait beaucoup manqué tout au long de ma jeunesse, plus encore que mon père. Tous les deux se sont rapprochés de moi quand je suis devenu célèbre. L'un comme l'autre étaient fiers d'être le parent d'Alain Delon. D'un seul coup, ils se souvenaient qu'ils avaient un fils."
Amer et lucide, Alain Delon est aussi honnête sur un point : "Il faut quand même que je dise merci à ma mère, car c'est elle qui m'a donné la gueule que j'avais et tout est arrivé grâce à cela. J'ai tout eu grâce à cette beauté. Alors oui, je dis 'merci maman'. Je suis son portrait, elle était magnifique. Je lui dois au moins cela."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le hors-série spécial Alain Delon du magazine Paris Match du 11 janvier 2018