Leur romance n'a duré que cinq ans, mais leur histoire d'amour s'est écrite jusqu'à la mort tragique de l'actrice, en 1982... Ce 23 septembre 2020, Romy Schneider aurait fêté ses 82 ans et son fiancé de toujours, Alain Delon, pense à elle. "Une étoile ne s'éteint jamais. On va t'aimer toujours. Merci", a confié aujourd'hui le comédien à l'AFP. En apprenant sa mort il y a trente-huit ans, c'était déjà par écrit que le Guépard avait exprimé sa tristesse, quelques heures seulement après le drame.
Romy Schneider, de son vrai nom Rose-Marie Albach-Retty, n'avait que 43 ans lorsqu'elle a trouvé la mort chez elle, dans le 7e arrondissement de Paris. C'est son compagnon d'alors, le producteur Laurent Pétin, qui avait fait la macabre découverte. Les causes du décès de l'actrice allemande naturalisée française n'ont jamais été établies, bien que la piste d'un suicide ou d'un accident lié à la prise d'alcool et de médicaments ait été largement évoquée. Arrivé sur place peu de temps après que son coeur avait cessé de battre, Alain Delon s'est longuement recueilli devant le corps de celle qu'il a aimée passionnément, après leur rencontre sur le tournage du film Christine, en 1958 et ce, jusqu'à la douloureuse rupture de leurs fiançailles en 1963.
"Je te regarde dormir. Je suis auprès de toi, à ton chevet. Tu es vêtue d'une longue tunique noire et rouge, brodée sur le corsage. Ce sont des fleurs, je crois, mais je ne les regarde pas", a d'abord écrit l'acteur, dans une ultime lettre d'amour publiée par Paris Match quelques jours plus tard et qu'il garderait avec lui depuis. Je te dis adieu, le plus long des adieux, ma Puppelé. C'est comme ça que je t'appelais. Ça voulait dire 'petite poupée', en allemand. Je ne regarde pas les fleurs, mais ton visage, et je pense que tu es belle, et que jamais peut-être tu n'as été aussi belle. Je pense aussi que c'est la première fois de ma vie – et de la tienne – que je te vois sereine et apaisée."
Tu es ma soeur, je suis ton frère
Alain Delon poursuit alors : "Ils disent que tu étais un mythe (...). Il rentre chez lui, le mythe, le soir. Alors il n'est que Romy, rien qu'une femme, avec une vie mal comprise, mal reçue, mal écrite dans les journaux, assaillie et traquée. Alors, il s'use, le mythe, dans sa solitude. Il s'angoisse. Et plus il est conscient, et plus il tombe, à doses plus ou moins répétées, dans les béatitudes de l'alcool et du tranquillisant. Ça devient habitude, puis règle, puis nécessité. Puis c'est irremplaçable et le coeur, usé, s'arrête parce qu'il est trop las de battre (...). On dit que le désespoir que t'a causé la mort de David [son fils, en 1981, NDLR] t'a tuée. Non, ils se trompent. Il ne t'a pas tuée. Il t'a achevée."
Plus loin, dans cette longue missive à vif, il écrit : "Hier encore tu étais vivante. C'était la nuit. Tu as dit à Laurent, comme vous rentriez à la maison : 'Va te coucher. Je te rejoindrai tout à l'heure. Moi, je reste un peu avec David en écoutant de la musique.' Tu disais cela chaque soir..."
Le Samouraï évoque également leur douloureuse rupture en 1963, puis leur tendre amitié : "Notre vie, qui ne regarde personne, nous a séparés. Mais nous nous appelions. Souvent. Oui, c'est exactement ça : nous nous lancions des 'appels'. Ensuite, en 1968, ce fut La Piscine. Nous nous sommes retrouvés, pour travailler (...). Après notre film, tu es ma soeur, je suis ton frère. Tout est pur et clair entre nous."
Finalement, le père d'Anthony Delon, Anouchka et Alain-Fabien conclut sa lettre sur les obsèques à venir, organisées le 2 juin 1982 à Boissy-sans-Avoir, dans les Yvelines. "Dans quelques jours, ton fils, David, viendra te rejoindre. Dans un petit village où tu venais de recevoir les clés d'une maison. Là, tu voulais vivre, près de Laurent, près de Sarah [Biasini], ta fille. Là, tu vas dormir pour toujours. En France. Près de nous, près de moi. Je me suis occupé de ton départ à Boissy, pour soulager Laurent et ta famille. Mais je n'irai ni à l'église ni au cimetière (...). Pardonne-moi. J'irai te voir, le lendemain, et nous serons seuls (...). Repose-toi. Je suis là. J'ai appris un peu d'allemand, près de toi. 'Ich liebe dich.' Je t'aime. Je t'aime, ma Puppelé.'"