Le bras de fer entre Albert Uderzo, sa fille Sylvie et son gendre Bernard de Choisy n'est décidément pas près de se terminer : cinq mois après le non-lieu rendu par la justice dans l'affaire du procès pour abus de faiblesse intenté en 2011 par ces derniers, le camp du célèbre dessinateur d'Astérix, monté au créneau depuis avec une plainte pour violences psychologiques, vient de voir son procès temporairement suspendu.
La 18e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre a en effet fait savoir, mardi 3 juin, que ce volet du rocambolesque feuilleton judiciaire opposant l'un des papas du mythique petit Gaulois (87 ans) et sa fille serait reporté au 6 janvier 2015 dans l'attente de l'appel effectué par Sylvie Uderzo dans l'affaire parallèle d'abus de faiblesse. "Nous attendons la décision de la cour d'appel de Versailles", a ainsi déclaré la présidente Sabine Boyer. En d'autres termes, la poursuite du procès intenté par Albert Uderzo pour violences psychologiques dépend donc entièrement de l'issue du dossier lancé par la fille du co-créateur d'Astérix.
Pour rappel, en 2011, cette dernière a déposé une plainte contre X, soupçonnant l'entourage de son père d'abus de faiblesse. En décembre 2013, une ordonnance de non-lieu a été rendue dans cette affaire, les juges d'instruction mettant en avant la "grande vivacité intellectuelle" et "la mémoire intacte" du dessinateur culte. Déboutée, Sylvie Uderzo avait néanmoins décidé dans la foulée de faire appel de cette ordonnance. Un appel qui sera examiné ce vendredi 6 juin à Versailles.
À la suite de ce premier procès, Albert Uderzo et son épouse Ada (absents mardi 3 juin lors de l'audience de Nanterre) avaient annoncé qu'ils portaient plainte pour "violences psychologiques", reprochant à leur fille ainsi qu'à son mari de lancer des "procédures judiciaires qui ne reposent sur aucun fondement", comme le précise l'AFP. Par la voix de Me Jean-Alain Michel, l'un des conseils d'Albert Uderzo, le dessinateur et sa compagne se sont dit "brisés" par ces actes qui "ne les protègent pas mais les détruisent."
Car la bataille judiciaire entre le père et la fille remonte à 2007 : à l'époque, Sylvie Uderzo et son époux sont remerciés par les éditions Albert René, en charge des albums d'Astérix conçus après le décès de René Goscinny, scénariste et deuxième moitié du duo, mort en 1977. En 2008, la société en question est cédée à Hachette Livre mais la fille du dessinateur s'oppose à la transaction. C'est le début d'un long conflit. Cette dernière gagne en effet aux prud'hommes pour licenciement abusif mais pense qu'on profite de l'âge avancé de son père pour prendre de mauvaises décisions et engage alors des poursuites pour abus de faiblesse - Sylvie Uderzo ne comprend par exemple pas pourquoi son père autorise l'éditeur du groupe Lagardère à poursuivre les aventures de l'irréductible Gaulois après sa mort. Depuis, les deux camps n'ont de cesse de s'affronter devant la justice, et la décision prise mardi 3 juin par la 18e chambre correctionnelle vient prolonger davantage une querelle familiale qui dure depuis de longues années maintenant.