Nouveau chapitre dans la guerre qui oppose Albert Uderzo et sa fille. Lundi 2 décembre, le célèbre co-créateur d'Astérix vient de déposer une plainte contre Sylvie Uderzo et son mari pour "violences psychologiques" devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Cette dernière, écartée avec son époux des éditions Albert René en 2007, avait porté plainte contre l'entourage de son papa pour "abus de faiblesse", puis pour faux témoignage contre son expert-comptable il y a un mois. "Ces actes ont pour unique objet de porter atteinte à notre intégrité psychologique (...) pour mettre la main sur notre patrimoine qu'ils convoitent", ont déclaré le dessinateur et son épouse.
Pour comprendre cette affaire, il faut revenir en 2007, lors de la cession des éditions Albert-René à Hachette. Sylvie Uderzo, qui s'opposait à cette vente voulue par son père et son entourage, et son mari Bernard de Choisy sont remerciés : c'est le début d'un long conflit. Pensant qu'on profite de l'âge avancé de son père, Sylvie Uderzo, qui a d'ailleurs gagné aux prud'hommes pour licenciement abusif en 2008, porte plainte contre X en 2011 pour "abus de faiblesse", visant son entourage.
Problème pour Sylvie Uderzo, aucun élément n'a révélé des faits d'abus de faiblesse après une enquête précise. Un témoignage aurait pesé, celui de l'expert-comptable de son père qui travaille depuis le début des années 90 avec Albert Uderzo et n'aurait pas épargné le couple. Il expliquait notamment qu'il avait poussé le créateur d'Astérix à céder le groupe (pour 22,7 millions d'euros) pour éviter qu'il ne tombe entre les mains de sa fille et de son gendre car pour lui, Sylvie, éditrice et directrice générale, et son mari, qui facture des prestations publicitaires, profitent pleinement sans vraiment travailler. Ce qui a d'ailleurs provoqué leur licenciement pour faute grave en 2007, Hachette n'ayant "pas besoin de Bernard de Choisy et de ses sociétés inutiles et coûteuses" et constatant que "Sylvie [...] ne travaillait pas de manière effective aux Éditions Albert-René". Un récit qui n'a évidemment pas plu à la fille du dessinateur, raison pour laquelle elle dépose plainte en octobre dernier pour faux témoignage.
Mais Albert Uderzo en a donc assez de voir Sylvie s'en prendre à lui et à son entourage de confiance. Avec son épouse Ada, ils "constatent que leur fille et son mari ne veulent à aucun prix une réconciliation, introduisent et font prolonger des procédures judiciaires qui ne reposent sur aucun fondement. (...) Ces actes ont pour unique objet de porter atteinte à notre intégrité psychologique, de hâter notre affaiblissement pour mettre la main sur notre patrimoine qu'ils convoitent", ont-ils déclaré dans un communiqué. C'est la raison pour laquelle les avocats d'Albert et Ada Underzo ont entamé cette procédure car leurs clients "n'ont aucun autre moyen juridique que d'engager cette action judiciaire pour ce défendre de la procédure abusive, humiliante, que constitue la plainte déposée pour abus de faiblesse et les tentatives pour en prolonger les effets".
D'autant que malgré ses 86 ans, Albert Uderzo dément toujours être en état de faiblesse. "C'est une sorte de harcèlement. C'est douloureux. (...) J'étais loin en tout cas de m'attendre à une chose pareille", expliquait-il récemment à l'AFP. Le dessinateur souffre clairement de cette situation, lui qui, selon L'Express, n'avait jusqu'à fin octobre pas parlé à sa fille depuis presque un an. En attendant la suite de l'affaire, Albert Uderzo peut toutefois se consoler un peu avec le carton du dernier album d'Astérix, Astérix chez les Pictes, avec Jean-Yves Ferri au scénario et Didier Conrad aux dessins.