On croyait la troupe du Splendid inséparable. C'est toujours l'image que les téléspectateurs ont, au moment des fêtes de fin d'année, devant la rediffusion du film Le père Noël est une ordure. Et pourtant. Morte en avril 2019, Anne Madeleine Louise Bourguignon - que l'on connaissait sous le pseudonyme d'Anémone - n'avait pas vu depuis des années ses petits camarades de scène. Un morceau de Kloug qu'elle avait mal digéré ? Plutôt une sombre histoire d'égo et de salaires...
Anémone n'avait pas sa langue dans sa poche. Aussi, quand elle a constaté qu'elle était la seule comédienne du film de Jean-Marie Poiré à ne pas toucher un pourcentage sur les recettes du long-métrage, elle a vu rouge. Cette histoire, elle n'a simplement jamais pu la pardonner. "C'est une fâcherie définitive car je suis têtue comme une mule, expliquait-elle au magazine France Dimanche. En plus, j'ai découvert avec stupéfaction qu'ils étaient tous de droite." Impossible, pourtant, d'imaginer Pierre sans Thérèse. Peindre un autre visage que le sien, sur ce portrait qui l'entoure de porcs joyeux, serait une hérésie. Pour tout le monde... sauf pour elle. "C'est devenu fou, j'avais 32 ans et ça m'a fait chier", balançait-elle à propos du succès de ce projet.
J'ai dû me battre pour décrocher des rôles sérieux
Ses aventures auprès de Josiane Balasko, Christian Clavier et Marie-Anne Chazel lui ont valu bien des déconvenues. Elle qui souhaitait changer de registre a longtemps bataillé pour faire oublier son passé au sein de la troupe du Splendid. "J'ai dû me battre pour décrocher des rôles sérieux, se souvenait-elle. Comme j'étais étiquetée comique, pour les gens j'étais forcément moche. Et comme j'étais drôle, on me trouvait vulgaire." Une contradiction qui lui a valu un franc succès, puisqu'elle a remporté le César de la meilleure actrice quelques années plus tard pour le rôle de Marcelle dans Le Grand Chemin de Jean-Loup Hubert.
Le 30 avril 2019, Anémone a rejoint les étoiles. Malgré cette brouille un peu mystérieuse, et bien que ses funérailles aient été désertées par ses consoeurs et ses confrères, ses anciens camarades de la troupe du Splendid ont pleuré fort cette disparition. "On ne s'était pas vus depuis très longtemps, regrettait Thierry Lhermitte dans les colonnes de France Dimanche. Elle était un peu fâchée avec l'équipe du Splendid pour des raisons obscures..."