Son nom ne vous dit encore probablement rien, mais retenez bien son visage car la volcanique Angel Haze risque bien de faire des ravages dans les mois à venir. Nouvelle étoile montante du rap US, dans la droite lignée d'une Azealia Banks, la jeune Américaine a un paquet de choses à dire et surtout un flow mitrailleur qui ne demande qu'à nous envoûter, au risque même de nous achever. Car à 22 ans, Angel Haze, issue de la très underground Detroit, est déjà forte d'une histoire familiale particulièrement chargée qui s'avère être le fondement même de ses chansons, puissantes en paroles exutoires et surtout libératrices.
Si elle connaît désormais la gloire (elle a sorti son premier album Dirty Gold en décembre dernier) et s'est hissée au rang des personnalités les plus hype du moment (elle est de tous les défilés branchés), tout n'a en effet pas toujours été tout rose pour Angel Haze. Élevée dans une éducation stricte au sein d'une église pentecôtiste fondamentaliste (qu'elle compare volontiers à une secte), la chanteuse a vécu de nombreux traumatismes marquants qui alimentent désormais ses textes : ses blessures profondes, Angel Haze met un point d'honneur à en faire une force indestructible. Admirative de Kanye West et autres Eminem, la rappeuse a notamment forcé le respect en reprenant l'un des titres de ce dernier, Cleanin' Out My Closet, en changeant les paroles et en racontant les viols qu'elle a subis à l'âge de 7 ans seulement (abus qu'elle aborde également dans son titre, Battle Cry, en duo avecSia).
"Lorsque j'ai découvert la musique, j'ai voulu exorciser tous mes démons, sortir enfin tout ce que j'avais tu pendant des années, a confié la star naissante au magazine Elle. Ça été une expérience extrêmement cathartique. [...] J'ai enregistré ce titre d'un seul trait. Depuis, je ne l'ai jamais réécoutée." Encombrant, ce lourd bagage n'a pas empêché Angel Haze de sortir de l'ombre et surtout de parvenir à attirer l'admiration d'un public toujours plus large - un public qu'elle bichonne sans condition. "J'ai été bouleversée par toutes les réactions d'ados qui me disaient que je racontais de leur propre histoire. Le plus choquant, pour moi, c'est que j'ai eu beaucoup plus de témoignages de garçons que de filles. Au traumatisme du viol, s'ajoutait le diktat qu'un garçon, ça ne se fait pas violer. Ça m'a vraiment fait comprendre que je pouvais être utile et inspirer d'autres personnes", assure la belle Angel. Ange ou démon, la jeune chanteuse définitivement choisit son camp.