Anne et Mazarine Pingeot lors des funérailles de François Mitterrand en janvier 1996© Angeli
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"Ma mère est l'héroïne d'un film que personne ne verra jamais", écrit Mazarine Pingeot dans son livre Bouche cousue. La fille de François Mitterrand, dont le lien de parenté fut publiquement caché jusqu'en 1994, présente ainsi sa mère et son vécu, celui d'une amoureuse qui a construit son histoire dans la clandestinité. Quinze ans que l'ancien président socialiste est mort, mais celle qui a partagé tant de choses avec lui reste toujours mystérieuse. Le Journal du dimanche revient sur l'histoire passionnante d'Anne Pingeot. Extraits.
Le 8 janvier 1996, jour du décès de François Mitterrand, Danielle, l'épouse, ne veut pas que la maîtresse de son mari, Anne Pingeot, ainsi que sa fille illégitime, Mazarine, soient présentes aux obsèques. "On a discuté, se souvient Jean-Christophe Mitterrand, fils de Danielle et François, et assez vite, il a paru évident que tout le monde devait être là." Les funérailles font donc rejoindre les deux vies parallèles du chef d'Etat.
L'histoire entre François Mitterrand et Anne Pingeot, que vingt-sept ans séparent, débutent à Hossegor en 1956. "Elle avait 13 ans, il était un ami de son père", raconte Laurence Soudet, une très proche collaboratrice de Mitterrand, la confidente. La famille Pingeot a une villa voisine de celle que louent les Mitterrand. "Le père Pingeot, un industriel de Clermont-Ferrand proche des Michelin, joue au golf. Comme François Mitterrand", indique Le JDD. L'année 1961 est un tournant. Durant l'été, "Mitterrand, élu maire de Château-Chinon deux ans plus tôt, a 45 ans, elle en a 18. Une jolie bachelière brune un peu timide".
"Le futur leader du PS entame sa double vie dans la décennie de sa première campagne présidentielle", dans les années 1960. Il présente Anne qui venait faire ses études à Paris à Laurence Soudet, "en 1963, trois jours avant l'assassinat de Kennedy", se souvient cette dernière.
En 1974 naît la fille adultérine, Mazarine. "Anne ne lui a jamais rien demandé. Sauf d'avoir un enfant avec lui...", révèle Laurence Soudet. Danielle Mitterrand sait mais ne dit rien : "Ma mère a appris la naissance de Mazarine le jour même, par une bonne amie", se souvient Jean-Christophe Mitterrand. Etre père d'une fille cachée, ce n'est pas simple, encore moins lorsque l'on est un homme politique. Ce qui ne l'empêche pas de passer du temps avec elle et un témoin de l'époque, maman d'une camarade de classe de Mazarine, se souvient l'avoir vu monter sur la chenille de la Foire du trône ou jouer à chat avec sa fille qu'il adorait. Celle-ci a d'ailleurs fait part de sa relation particulièrement mais forte avec son père, présentant, comme deux des petites-filles de Mitterrand, un autre visage à l'homme.
Vient la victoire présidentielle en 1981. "Paradoxalement, elle a aussi rendu les choses plus facile", raconte Laurence Soudet. Un président de la République n'appartient à personne. Ses deux femmes gèrent, elles, la situation et se partagent cet homme. "Il était admiratif des deux, peut-être pour leurs différences", explique Laurence Soudet. "Danielle, la militante, anticléricale, mère de ses deux fils. Anne, l'intellectuelle, apolitique, croyante, mère de sa fille", ajoute le JDD.
Anne Pingeot reste dans l'ombre, on ne la voit à aucun gala, si ce n'est un, et n'est venue à l'Elysée qu'une fois, pour la Légion d'honneur d'un directeur de musée. "Elle était l'amoureuse de Mitterrand, pas du président de la République", dit Michel Charasse. C'est ainsi qu'elle ne veut pas changer son quotidien parce qu'elle est la maîtresse du président. Le préfet Christian Prouteau, chargé de la sécurité du chef d'Etat, est prévenu : "Elle m'a à peine laissé rentrer et m'a gentiment prévenu qu'elle ne comptait rien changer à sa vie", raconte l'homme qui a publié un ouvrage sur ce sujet, La petite demoiselle et autres affaires d'Etat.
"Pendant quatorze ans, la vie d'Anne Pingeot va s'organiser dans les trous de l'emploi du temps officiel". Ils se retrouvent comme ils peuvent, notamment dans une maison à Gordes. "Mazarine et sa mère, grand-mère gâteau avec ses trois petits-enfants Astor, 5 ans, Tara, 3 ans et Marie, 1 an, [qu'elle a eus avec Mohamed Ulad-Mohand] y étaient encore en ce début de janvier." Un proche assure : "Ils ne roulent pas sur l'or."
Aujourd'hui, Anne Pingeot a 67 ans, et a pris sa retraite de conservatrice de musée en 2008. Ce 8 janvier, elle n'est pas là pour l'hommage des quinze ans de la mort de l'homme qu'elle aimait. Elle n'y va d'ailleurs jamais à l'occasion d'un anniversaire. "Par détestation des curieux. Elle s'y rend de temps en temps. Quand elle veut. Seule."
Retrouvez l'intégralité de ce portrait dans Le Journal Du Dimanche du 9 janvier 2011.
Le 8 janvier 1996, jour du décès de François Mitterrand, Danielle, l'épouse, ne veut pas que la maîtresse de son mari, Anne Pingeot, ainsi que sa fille illégitime, Mazarine, soient présentes aux obsèques. "On a discuté, se souvient Jean-Christophe Mitterrand, fils de Danielle et François, et assez vite, il a paru évident que tout le monde devait être là." Les funérailles font donc rejoindre les deux vies parallèles du chef d'Etat.
L'histoire entre François Mitterrand et Anne Pingeot, que vingt-sept ans séparent, débutent à Hossegor en 1956. "Elle avait 13 ans, il était un ami de son père", raconte Laurence Soudet, une très proche collaboratrice de Mitterrand, la confidente. La famille Pingeot a une villa voisine de celle que louent les Mitterrand. "Le père Pingeot, un industriel de Clermont-Ferrand proche des Michelin, joue au golf. Comme François Mitterrand", indique Le JDD. L'année 1961 est un tournant. Durant l'été, "Mitterrand, élu maire de Château-Chinon deux ans plus tôt, a 45 ans, elle en a 18. Une jolie bachelière brune un peu timide".
"Le futur leader du PS entame sa double vie dans la décennie de sa première campagne présidentielle", dans les années 1960. Il présente Anne qui venait faire ses études à Paris à Laurence Soudet, "en 1963, trois jours avant l'assassinat de Kennedy", se souvient cette dernière.
En 1974 naît la fille adultérine, Mazarine. "Anne ne lui a jamais rien demandé. Sauf d'avoir un enfant avec lui...", révèle Laurence Soudet. Danielle Mitterrand sait mais ne dit rien : "Ma mère a appris la naissance de Mazarine le jour même, par une bonne amie", se souvient Jean-Christophe Mitterrand. Etre père d'une fille cachée, ce n'est pas simple, encore moins lorsque l'on est un homme politique. Ce qui ne l'empêche pas de passer du temps avec elle et un témoin de l'époque, maman d'une camarade de classe de Mazarine, se souvient l'avoir vu monter sur la chenille de la Foire du trône ou jouer à chat avec sa fille qu'il adorait. Celle-ci a d'ailleurs fait part de sa relation particulièrement mais forte avec son père, présentant, comme deux des petites-filles de Mitterrand, un autre visage à l'homme.
Vient la victoire présidentielle en 1981. "Paradoxalement, elle a aussi rendu les choses plus facile", raconte Laurence Soudet. Un président de la République n'appartient à personne. Ses deux femmes gèrent, elles, la situation et se partagent cet homme. "Il était admiratif des deux, peut-être pour leurs différences", explique Laurence Soudet. "Danielle, la militante, anticléricale, mère de ses deux fils. Anne, l'intellectuelle, apolitique, croyante, mère de sa fille", ajoute le JDD.
Anne Pingeot reste dans l'ombre, on ne la voit à aucun gala, si ce n'est un, et n'est venue à l'Elysée qu'une fois, pour la Légion d'honneur d'un directeur de musée. "Elle était l'amoureuse de Mitterrand, pas du président de la République", dit Michel Charasse. C'est ainsi qu'elle ne veut pas changer son quotidien parce qu'elle est la maîtresse du président. Le préfet Christian Prouteau, chargé de la sécurité du chef d'Etat, est prévenu : "Elle m'a à peine laissé rentrer et m'a gentiment prévenu qu'elle ne comptait rien changer à sa vie", raconte l'homme qui a publié un ouvrage sur ce sujet, La petite demoiselle et autres affaires d'Etat.
"Pendant quatorze ans, la vie d'Anne Pingeot va s'organiser dans les trous de l'emploi du temps officiel". Ils se retrouvent comme ils peuvent, notamment dans une maison à Gordes. "Mazarine et sa mère, grand-mère gâteau avec ses trois petits-enfants Astor, 5 ans, Tara, 3 ans et Marie, 1 an, [qu'elle a eus avec Mohamed Ulad-Mohand] y étaient encore en ce début de janvier." Un proche assure : "Ils ne roulent pas sur l'or."
Aujourd'hui, Anne Pingeot a 67 ans, et a pris sa retraite de conservatrice de musée en 2008. Ce 8 janvier, elle n'est pas là pour l'hommage des quinze ans de la mort de l'homme qu'elle aimait. Elle n'y va d'ailleurs jamais à l'occasion d'un anniversaire. "Par détestation des curieux. Elle s'y rend de temps en temps. Quand elle veut. Seule."
Retrouvez l'intégralité de ce portrait dans Le Journal Du Dimanche du 9 janvier 2011.