S'il sera bien présent comme prévu sur la scène parisienne du Trianon ce mardi 11 février 2020, Arno a fait savoir qu'il était contraint de reporter treize concerts qui étaient programmés en ce début d'année : atteint d'un cancer du pancréas, le chanteur belge à la voix rocailleuse et au style abrasif inimitables va devoir se faire opérer et observer une période de repos, selon une annonce faite samedi 8 février.
Le joyeux bordel de sa tournée, qui fait suite à la parution de l'album Santeboutique, va devoir s'interrompre durant six semaines en raison non pas d'un "court-circuit dans [s]on esprit", pour paraphraser l'un des titres de ce nouveau disque élaboré avec la complicité de John Parish, bien connu pour sa collaboration avec PJ Harvey, mais à cause d'un incident technique dans son corps. Agé de 70 ans, qu'il a fêtés en mai 2019, Arno a eu connaissance du diagnostic, heureusement établi à un stade précoce de la maladie, en novembre dernier : "Début novembre, ma copine m'a dit que j'avais le teint jaune, a relaté le rockeur d'Ostende au quotidien flamand De Standaard. Je suis allé chez mon médecin traitant et il m'a fait une prise de sang. Peu de temps après, j'ai reçu un coup de téléphone. Je devais me rendre à l'hôpital de toute urgence. Sur place, ils m'ont diagnostiqué un cancer du pancréas à un stade précoce."
Ces dernières semaines, Arno n'avait pourtant rien laissé deviner du mal qui l'affecte : alors qu'il venait de subir une troisième chimiothérapie, comme il l'a depuis révélé à De Standaard, il avait assuré avec panache ses trois dates prévues fin janvier à Bruxelles, à l'Ancienne Belgique, régalant son public de toute sa palette, de l'émouvante et impérissable chanson Les yeux de ma mère à la saugrenue Les saucisses de Maurice, pépite présente sur Santeboutique, en passant par Ha Ha. "Il s'était même montré magistral lors du dernier soir, ont noté nos confrères de La Libre Belgique, ne se ménageant pas physiquement et n'épargnant personne, en particulier le ministre-président flamand Jan Jambon, Donald Trump et le Premier ministre britannique Boris Johnson", fidèle à lui-même.
Je suis vivant aujourd'hui
"Les gens qui savent que j'ai un cancer me demandent pourquoi je suis sur scène, mais il faut savoir que c'est la scène qui me donne le plus énergie. Quand je sais que je vais jouer, je me sens galvanisé. La musique m'a toujours sauvé la vie. Les concerts sont importants pour moi, autant que pour le public. En ce moment, la chanson Ha Ha est un exutoire. Je ne fais plus qu'un avec le public et cela me rend fort. Je demande aux gens de me donner cette force", a encore détaillé auprès du quotidien De Standaard le Belge, récompensé jeudi dernier lors des MIA's, l'équivalent flamand des Victoires de la Musique, pour ses 50 ans de carrière.
"Hier est mort, demain n'existe pas, je suis vivant aujourd'hui. Je veux être positif et profiter de la vie, en tenant compte de la situation", pose-t-il auprès du même journal, comme en écho à Je veux vivre, l'une des chansons de son précédent album (Human Incognito), qui comprenait aussi un titre baptisé Santé et s'ouvrait sur une chanson par laquelle il se revendiquait "an old mother fucker".
Assurant ne "pas trop" penser à l'opération et n'avoir "pas peur", Arno, bien que "demain n'existe pas", ne peut pas s'empêcher de l'envisager : "Je veux toujours écrire des chansons et faire des albums, jouer dans des films et continuer à tourner après ma guérison", dit ainsi celui qu'on avait pu apprécier acteur face à son regretté confrère Alain Bashung devant la caméra de Samuel Benchetrit dans J'ai toujours rêvé d'être un gangster (2008) et qu'on a plus récemment revu au côté de Nathalie Baye (2015) dans Préjudice d'Antoine Cuypers.
GJ