Deux ans de travail, deux galops d'essai... et puis c'est tout : alors qu'elle devait monter à partir du 25 mars 2020 sur les planches du théâtre La Scala, à Paris, pour y donner la pièce Bug de Tracy Letts (par ailleurs Prix Pulitzer 2008 pour August : Osage County, dont il a ensuite signé l'adaptation pour le cinéma, et acteur occasionnel, dernièrement dans Deep Water avec Ben Affleck et Ana de Armas), Audrey Fleurot doit faire face au grand vide provoqué par les mesures prises contre le coronavirus. Comme beaucoup d'autres manifestations culturelles ou sportives, la pièce mise en scène par Emmanuel Daumas a été annulée, suite à l'interdiction des rassemblements de plus de cent personnes.
Au quotidien Le Parisien, qui consacre en ce samedi 14 mars 2020 une double page aux répercussions dramatiques de cette situation sur les sites touristiques et l'agenda culturel (cinéma, musique, théâtre...) dans la capitale, l'actrice de 42 ans récemment en vedette dans Le Bazar de la charité (TF1) a fait part de son désarroi : "On a appris tout à l'heure qu'on ne jouerait pas ce soir, a-t-elle déclaré au journaliste Sylvain Merle, alors que Bug venait d'être donnée deux soirs aux Célestins à Lyon. (...) Ce qui est dur, c'est de ne pas avoir réalisé hier que c'était la dernière. C'est deux ans de boulot. On est tous logés à la même enseigne, mais c'est vrai que je suis un peu sonnée."
La comédienne, qui dit avoir eu "la tête dans le guidon" avec la création de la pièce dans la capitale des Gaules tandis que le Covid-19 monopolisait l'attention médiatique, avoue être tombée des nues, d'autant que l'équipe et elle se pensaient relativement à l'abri du fait de la capacité inférieure à mille personnes du théâtre des Célestins, dans lequel ils se produisaient. Là, c'est la douche froide, même si, a posteriori, elle juge "logique" pour le gouvernement de prendre des "mesures radicales". Le plus difficile étant, au final, de rester dans l'inconnu quant à la suite des événements : "Dans la troupe, on est tous un peu perdus, à errer dans la ville. Je vais réceptionner mon mari et mon fils [le réalisateur Djibril Glissant et Lou, leur petit garçon de 3 ans, NDLR], qui étaient venus voir le spectacle ce soir, et on se réunira ce soir au théâtre pour dîner ensemble, mais je ne sais pas. Je pense que nous allons piteusement rentrer à Paris." Et d'ajouter, face à une situation pas évidente à laquelle beaucoup de parents d'élèves se retrouvent confrontés : "Il n'y a plus d'école, donc on va se retrouver avec nos trois enfants."
On en a tous pleuré
Dans le même dossier, le journal Le Parisien relate les impressions que le journaliste Eric Bureau a recueillis auprès des membres de Tryo, qui a joué dans l'AccorHotels Arena... vide. Le concert prévu en soirée, qui devait offrir à Guizmo, Christophe Mali, Manu, Danielito et Bibou l'opportunité de célébrer le 25e anniversaire du groupe avec son public, avait été remplacé par un set acoustique de quarante minutes filmé et diffusé sur les réseaux sociaux, sans spectateurs physiquement présents.
"Nous quatre réunis au milieu de tous ces sièges vides, c'était intense, reconnaît Christophe. J'en ai pleuré, on en a tous pleuré. On a été un des premiers concerts annulés par précaution, cela a été dur à vivre. Même si on a réussi à reporter au 5 juin, on a proposé aux responsables de l'AccorHotels Arena de se rattraper avec un concert intimiste. Ils ont été emballés. Cela leur a fait du bien à eux aussi."
Comme le dit Audrey Fleurot : "On n'a jamais vécu cela, donc aujourd'hui il faut s'adapter."