L'ambition de l'un au détriment de la passion de l'autre. Quand un homme politique partage la vie d'une journaliste, le quotidien se complique. Surtout quand on est exposée, comme Audrey Pulvar,compagne désormais officielle du député PS Arnaud Montebourg. La journaliste vient d'apprendre sa suspension de l'antenne d'i>TELE, où elle officiait chaque jour de 19 heures à 20 heures pour des débats et des interviews - parfois politiques - sur l'actualité du jour.
Une journaliste partageant la vie d'un politique de premier plan : ce mélange des genres n'a jamais été du goût des dirigeants de chaîne et de rédaction. La jurisprudence Anne Sinclair est passée par là : compagne de Dominique Strauss-Kahn, elle s'était retirée de TF1. Tout comme Béatrice Schönberg, conjointe de Jean-Louis Borloo, passée du JT de France 2 à quelques émissions évènementielles sans enjeu politique. Deux seules rescapées à ce jour, Christine Ockrent , compagne de Bernard Kouchner - qui a toujours refusé de se plier à cette loi - et celle de François Hollande, la journaliste Valérie Trierweiler, toujours aux commandes d'un rendez-vous politique sur Direct 8.
Crédibilité et impartialité
Si sa relation avec le député PS n'avait jusqu'alors posé aucun problème, tout s'est accéléré ce week-end quand Arnaud Montebourg a annoncé officiellement sa candidature aux primaires socialistes en vue de l'élection présidentielle de 2012. Lors de son discours officiel, loin des photographes et des journalistes, Audrey Pulvar était bien là, en coulisses. Une présence discrète mais relevée par beaucoup de quotidiens.
Pour éviter toute suspicion de partialité, la direction d'i>TELE a donc choisi de fermer la fenêtre d'actu dont bénéficiait la journaliste chaque soir sur la chaîne d'infos du groupe Canal +. "Comment imaginer qu'elle puisse continuer à inviter des responsables politiques de premier plan sur notre antenne dans un tel contexte ?" s'interroge Pierre Fraidenraich, le directeur de la chaîne, sur le site de L'Express qui a révélé l'information. Même si son impartialité "ne peut être remise en cause", il estime que "elle et nous aurions beaucoup à perdre". Contactés par la rédaction, Audrey Pulvar et Pierre Fraidenraich n'ont à cette heure pas donné suite à nos demandes d'interview. Elle annonce néanmoins "prendre acte de la décision mais ne souhaite pas la commenter". Seule certitude, la direction d'i>TELE assure dans un communiqué réfléchir à d'autres formats d'émissions sur son antenne. Cette information a aussi été confirmée à l'AFP par la chaîne.
Quid de son avenir à France Inter ?
Aussi aux commandes du 7-8 sur France Inter, Audrey Pulvar va-t-elle garder son micro ? Lors de la conférence de rentrée, elle avait tenté de dissiper tout malentendu : "Si j'instrumentalisais l'antenne à des fins politiques, ça se verrait tout de suite. J'ai des opinions sur tout, en politique, en économie, sur l'actualité artistique. La seule question est de savoir si je fais mon métier de journaliste correctement". Philippe Val, patron de la station, lui avait même apporté son soutien : "Mon dentiste, qu'il soit de gauche ou de droite, ça ne change rien (...) Je connais des journalistes, j'aime des journalistes depuis longtemps, je ne sais pas pour qui ils votent."
Après l'annonce officielle de la candidature officielle d'Arnaud Montebourg, la position de France Inter est-elle tenable ? A cette heure, la direction n'a pas souhaité réagir même si on dit la question "tranchée" : Audrey Pulvar garde son siège. Jusqu'à quand ? C'est incontestablement un coup dur pour la matinale de la station, la tranche animée par l'ex-journaliste de France 3 était la seule en progression selon les derniers sondages.
JB