Si le prince William et la duchesse Catherine de Cambridge ont participé au devoir de mémoire au nom de la famille royale britannique sans quitter Londres, de nombreux représentants des cours européennes, dont Camilla Parker Bowles, étaient lundi 27 janvier 2020 à Auschwitz, sur les lieux d'une des plus grandes blessures de l'Histoire.
Au 75e anniversaire de la libération du tristement célèbre camp de concentration et d'extermination de Birkenau (Brzezinka, en polonais), dans le Sud de la Pologne, le roi Philippe et la reine Mathilde de Belgique, le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le roi Willem-Alexander et la reine Maxima des Pays-Bas, la princesse héritière Victoria de Suède, le prince héritier Haakon de Norvège, le grand-duc Henri de Luxembourg ou encore la duchesse de Cornouailles, ainsi que des chefs d'État ou de gouvernement d'une soixantaine de pays (pour la France, le Premier ministre Édouard Philippe), se joignaient ainsi aux quelque 200 survivants, eux aussi venus du monde entier, réunis pour honorer la mémoire des plus de 1,1 million de personnes tuées dans le plus grand camp de la mort instauré par le régime nazi.
Après les premières paroles prononcées par le président polonais Andrzej Duda, en sa qualité d'hôte - avec son épouse Agata - de ce cortège international, les rescapés d'Auschwitz-Birkenau présents ont pris la tribune pour partager leurs témoignages, à la mémoire des 6 millions de juifs européens massacrés à l'époque, mais aussi en écho à l'inquiétante montée contemporaine des actes et attaques antisémites. "Ne soyez pas indifférents !", a alerté l'un d'entre eux, Marian Turski, 93 ans, faisant observer qu'Auschwitz "n'est pas tombé du ciel soudainement". "Trop de gens, dans trop de pays, ont fait d'Auschwitz une réalité", a abondé dans son discours Ronald Lauder, le président du Congrès juif mondial, soulignant que "pratiquement tous les autres pays européens ont aidé les nazis à rassembler leurs citoyens juifs" et jugeant "honteux que 75 ans plus tard, ils (les survivants d'Auschwitz) voient leurs petits-enfants à nouveau confrontés à la même haine".
À l'issue de la cérémonie commémorative, la nuit étant tombée, les survivants de l'Holocauste, portant des bonnets et des écharpes à rayures bleues et blanches pour symboliser les uniformes des prisonniers du camp, et les dignitaires ont franchi le portail en fer forgé surmonté de l'inscription "Arbeit macht frei" (en allemand, "Le travail rend libre") et marché le long du chemin de fer qui avait à l'époque emmené des juifs jusqu'aux chambres à gaz. Une marche de sept cents mètres dans le recueillement total et la pénombre, à la lueur des lumignons que chacun tenait dans ses mains, avant de les déposer sur un monument commémoratif.
Jeudi 23 janvier, certains de ces dignitaires s'étaient déjà rassemblés pour entretenir la flamme du souvenir de la Shoah à l'occasion du Forum mondial de l'Holocauste qu'a accueilli Jérusalem. Le prince Charles et le roi Felipe s'étaient notamment déplacés en Israël.
GJ