Nouvelle réalisation de Ben Affleck, le thriller politique Argo se hisse en tête du box-office américain après son deuxième week-end d'exploitation. Ce long métrage, récit de l'exfiltration improbable de six Américains pendant la révolution iranienne, a amassé 60,5 millions de dollars. L'enthousiasme de la presse pour son oeuvre rappelle le talent de Ben Affleck en tant que réalisateur, faisant oublier son passé de comédiens dans des films souvent très moyens.
Good Ben Affleck
Les choses commencent fort pour Ben Affleck puisqu'il décroche à 25 ans, avec son ami Matt Damon, l'Oscar du meilleur scénario pour Will Hunting en 2005. En plus du succès critique, le long métrage séduit le public et il remporte 225 millions dollars. Pour un budget estimé à 10 millions de dollars, la réussite est belle.
Pourtant, les qualités de Ben Affleck passent au second plan en raison de ses performances suivantes. S'il est un second rôle dans l'oscarisé Shakespeare in Love, il joue les héros dans Armageddon et dans Pearl Harbor, deux superproductions qui rapportent respectivement 553 et 449 millions de dollars de recettes dans le monde. De quoi le cataloguer beau gosse sauveteur de planète, une image qui ne s'améliorera pas avec ses autres prestations dans des romances plus ou moins mémorables, Un vent de folie avec Sandra Bullock, Un amour infini avec Gwyneth Paltrow ou Père et fille avec Liv Tyler.
La déchéance
L'année 2003, Ben Affleck s'en souviendra puisque c'est celle de Daredevil, échec critique et public avec seulement 102 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis. Pour un film de super-héros d'un budget de 78 millions de dollars, c'est maigre. D'ailleurs, Ben Affleck a rapidement fui le projet d'un long métrage sur un rassemblement de héros, Justice League, comme traumatisé par l'expérience Daredevil. Amours troubles (Gigli en VO) sera également l'un des cauchemars de Ben Affleck. Comédie policière, ce film est un concentré de ridicule dans lequel il n'y a rien à sauver. Même le couple qui en naîtra, formé par Ben Affleck et Jennifer Lopez, ne fera que le bonheur des tabloïds.
Renaissance derrière l'objectif
La résurrection de Ben Affleck se fera derrière les caméras. Certes, il y a Hollywoodland et Jeux de pouvoir qui lui offrent de bons rôles, mais il faut attendre 2007 et Gone Baby Gone pour qu'il obtienne les applaudissements qu'il attendait. Le nombre d'entrées de ce thriller crépusculaire n'est pas mirobolant (34 millions de dollars dans le monde) mais la maîtrise de Ben Affleck en tant que réalisateur est bluffante. Elle sera confirmée par The Town, qui en plus de le couvrir de fleurs le couvre de billets verts (154 millions de dollars).
Ben Affleck et l'Oscar
La consécration se fait désormais attendre et la silhouette d'une statuette se dessine pour sa dernière oeuvre, Argo. Depuis sa projection lors du festival de Toronto, vitrine des Oscars, ce long métrage ne cesse de récolter des éloges. Autour d'un savoureux casting composé deJohn Goodman (acteur fétiche des frères Coen), Alan Arkin (Little Miss Sunshine) et Bryan Cranston (Breaking Bad), Ben Affleck, barbu pour les besoins du film, s'offre le meilleur rôle : celui du metteur en scène de cette histoire aussi véridique que folle de l'exfiltration par la CIA d'Américains en Iran, en simulant un faux tournage dans le pays, ainsi que le rôle d'acteur, héros solitaire et sobre qui réalise l'impensable. Oscar ou pas, Ben Affleck n'a désormais plus rien à prouver et peut apprécier son parcours, sous le regard bienveillant de sa femme, Jennifer Garner, et de leurs trois enfants, Violet (6 ans), Seraphina (3 ans) et Samuel (8 mois). Oubliable dans la plupart de ses rôles fut un temps, il est remarquable quand il tient les rênes de ses films.
Samya Yakoubaly
"Argo", en salles le 7 novembre