Au cours de sa vie Bernard Tapie a connu les joies d'une immense fortune tout comme le déplaisir des dettes monstrueuses... Le défunt homme d'affaires et touche-à-tout du show business, mort le 3 octobre 2021, a laissé derrière lui plusieurs affaires judiciaires et ardoises qui composent un héritage délicat pour son clan. Après la vente de son hôtel particulier, forçant sa veuve Dominique à plier bagages, c'est au tour de son mobilier d'être mis en vente.
Comme le rapporte le Journal du dimanche dans son édition du 9 mai, une vente aux enchères se tiendra le 6 juillet 2022 à l'Atelier Richelieu à Paris. La vente, intitulée La Collection Bernard Tapie, une passion française, comprendra pas moins de 180 lots (13 tableaux, 128 meubles, 25 luminaires et 14 tapis), "pour une estimation prudente comprise entre 4 et 5 millions d'euros", précise le quotidien qui ajoute que cette somme est "sans doute inférieure à la valeur d'acquisition de l'ensemble mais qui reflète la considérable perte de prestige du mobilier du XVIIIe." Il faut dire que, de nos jours, les vieux meubles n'ont plus autant la côte mais certaines pièces devraient donner lieu à de belles batailles car plusieurs musées seraient intéressés selon Me Estelle Nguyen-Hong, commissaire-priseur de la maison parisienne Artus Enchères Allemand Nguyen-Hong, "désignée par les tribunaux de Paris et de Bobigny pour réaliser la vente et apurer la dette des époux Tapie".
Parmi les lots les plus chers, on retrouve notamment un tableau d'Hubert Robert dit Paysage avec les cascatelles de Tivoli, estimé entre 300 000 et 400 000 euros ou une rare commode à la grecque dite commode de Buffon attribuée à Martin Carlin, estimée entre 250 000 et 300 000 euros. Un bien à la valeur aussi sentimentale, car le flamboyant Bernard Tapie - dont la vie va être portée à l'écran par Netflix avec Laurent Lafitte sous ses traits - avait porté son dévolu sur ce meuble dès les prémices de sa fortune en l'achetant au célèbre antiquaire Bernard Steinitz.
Le mobilier de Bernard Tapie avait une valeur spéciale pour lui puisqu'il avait mis des années à l'acquérir et aimait le présenter à ses convives dans son hôtel particulier de la rue des Saint Pères, à Paris. Il lui fut un temps saisi en 1994 en raison de son conflit avec le Crédit lyonnais. "Au terme d'une homérique procédure judiciaire, 'la saisie fut annulée pour vice de forme, mais le mandataire social préféra garder les meubles au regard des dettes importantes des sociétés et de la holding de Bernard Tapie'", raconte son ancien avocat Maurice Lantourne au JDD. Persuadé de remporter sa bataille judiciaire, Bernard Tapie avait refusé de remeubler et il avait vu juste, récupérant tout son mobilier en 2008... soit 14 ans après !