Un dimanche de rêve. Non pas pour les vacanciers, les fameux aoûtiens, ravis de pouvoir goûter à la fraîcheur de l'eau après une journée de galère sur les routes, mais pour l'équipe de France de natation qui termine en beauté ses mondiaux de Barcelone. Deux médailles en or sont venues ponctuer une journée magique, à une heure et demie d'intervalle...
La première est symbole de retour en force. Celui de Camille Lacourt, qui se cherchait depuis sa décevante quatrième place aux Jeux olympiques où il était le favori du 100 mètres dos sous les yeux de sa belle Valérie Bègue. Cette semaine encore, le beau gosse de la natation a manqué le rendez-vous du 100 mètres dos, terminant en cinquième place, très loin de ses réelles capacités. Car Camille Lacourt est probablement le meilleur dossiste. Les observateurs sont unanimes. Esthétique, technique, fluide et puissant, le pensionnaire du Cercle des nageurs de Marseille a tout pour réussir.
Et réussir, le jeune papa l'a fait sur 50 mètres dos, lors d'une course maîtrisée de bout en bout. Une médaille d'or qu'il savoure, alors que Jérémy Stravius, qui occupait la plus haute marche du podium à ses côtés lors de leur titre mondial sur 100 mètres il y a deux ans à Shanghai, terminait une nouvelle fois ex aequo, mais cette fois-ci à la seconde place. "C'est une journée de fou, des émotions extraordinaires, confiait-il à l'issue d'un relais 4x100 mètres 4 nages remporté par les Bleus. C'est magnifique, quand on est une bande de potes, de faire ça."
Car une heure et demie après, Camille Lacourt replongeait dans le bassin du Palau Sant Jordi avec ses potes Fabien Gilot, Jérémy Stravius et Giacomo Perez Dortona, pour aller chercher une nouvelle médaille d'or en relais après la disqualification des USA pour un départ anticipé. Ouverte en fanfare avec le titre sur le relais 4x100 mètres, les Bleus refermaient la page Barcelone avec un nouveau titre en relais, le premier dans cette discipline. De quoi laisser des émotions contenues sur 50 mètres éclater pour de bon, explique Camille Lacourt : "L'or individuel, c'est égoïste, c'est tout le travail qu'on a fourni, c'est intérieur. Je ne peux pas éclater de joie à côté de Jérémy, je sais qu'il aurait aimé être à ma place. (...) Mais là, dans le 4x100 mètres 4 nages, on peut crier, hurler, sauter sur tout le monde, c'est un feu d'artifice. Et puis, on représente la France et ça, c'est quand même quelque chose qui donne des frissons. Quand on entend 'champion du monde : France', c'est... c'est un moment que j'aimerai revivre."
Sourire retrouvé et joie partagée, Camille Lacourt confiait son "bonheur personnel d'avoir réussi à regagner un titre". Et deux même, avec celui gagné en relais une heure et demie après. Un exploit que Fabien Gillot, l'homme des relais (un titre olympique, deux titres mondiaux), pressentait avant même le début de la course : "Les dossistes avaient très bien nagé, je savais que ça allait dynamiser le tout. Et puis, Giaco était haut sur l'eau, ça avait l'air de glisser. Moi, je me sentais bien."
À tel point que le vétéran de l'équipe, qui avait commencé à Barcelone il y a dix ans de cela, prend la parole devant ses potes. Giacomo Perez Dortona raconte la scène dans les colonnes de L'Équipe : "Il nous a regardés fixement et dit : 'Si vous me passez le relais à quelques dixièmes de Magnussen, je me le fais !'" Jérémy Stravius ajoute : "Ce que nous a dit Fab avant de partir, pfff... ça m'a fait quelques chose et je me suis dit, celle-là, on va aller la chercher."
Ce fut chose faite, et en beauté, dans un Palau Sant Jordi en fusion. Les quatre potes pouvaient exulter une fois le dernier relais réalisé et la disqualification actée des États-Unis. La boucle était bouclée, Camille Lacourt avait retrouvé le sourire et la France repartait les poches pleines de médailles...