Il y a un an, les Français décrochaient l'or olympique sur le relais 4x100 mètres nage libre à Londres, au nez et à la barbe des favoris. Ce 28 juillet, le relais masculin a remis ça après une course épique, devenant champion du monde de la spécialité. Le tout devant des adversaires dépités et obligés d'admettre la supériorité des Bleus.
Et pourtant, les observateurs ne donnaient pas cher, une fois de plus, du relais masculin formé de Yannick Agnel, Florent Manaudou, Fabien Gilot et Jérémy Stravius. Le premier était hors de forme après son exil américain controversé. Le second faisait ses grands débuts en relais et sur 100 mètres, lui le champion olympique du 50 mètres. Du haut de ses 29 ans, Fabien Gillot faisait figure de dinosaure face à la jeunesse du prodige russe Morozov. Quant à Jérémy Stravius, qui a traversé l'année olympique comme un fantôme, on se demandait dans quel état il arriverait à Barcelone pour ces mondiaux qui ont débuté dimanche.
La réponse ne s'est pas fait attendre. Si Yannick Agnel, parti en premier relayeur, ne réalisait que le septième temps (sur huit), ses petits camarades se chargeaient de raccrocher le bon wagon, avec notamment un Fabien Gillot stratosphérique auteur du meilleur temps lancé, quand Stravius touchait le bord de la piscine en premier devant les États-Unis et la Russie après une remontée extraordinaire et une coulée de près de 15 mètres... "J'ai été au bout, commentait Jérémy Stravius une fois l'euphorie de la victoire passée. Je touche, j'attends peut-être deux secondes avant que les trois potes explosent de joie. Je me dis, c'est pas vrai, on n'a pas gagné ? Je me retourne et je vois 'premier'. Dire que c'est magique, c'est faible."
Une fois de plus, la bande des quatre, sans oublier les nageurs ayant participé aux séries, Amaury Leveaux, Grégory Mallet et William Meynard, a déjoué tous les pronostics pour décrocher l'or mondial en usant d'intelligence tactique tout en restant soudée comme jamais. Après les championnats d'Europe et les JO 2012, le relais 4x100 mètres masculin tricolore s'est imposé comme LA référence mondiale. Le secret d'une telle réussite ? Florent Manaudou, qui pouvait compter sur un fan club très féminin dans les tribunes du Palau Sant Jordi, donnait un début d'explication : "C'est vraiment génial, c'est une joie partagée. Dans la chambre d'appel, on s'est dit qu'on n'était pas les favoris, qu'on avait zéro pression. On a trouvé notre truc avant les grandes finales, la décontraction. On s'est sauté dans les bras, il n'y avait pas besoin de mots, on voyait qu'on était vraiment tous très heureux."
Comme à Londres, les quatre fantastiques ont exhibé leurs muscles dans une salle surchauffée, ont crié leur joie et sont tombés dans les bras les uns des autres. "Sur le dernier relais, ça a été complètement dingue", commentait Yannick Agnel, lui qui ouvrait le relais alors qu'il a plutôt pour habitude de les terminer. "On savait que Jérémy, avec tout ce qu'il avait nagé à l'entraînement cette année, allait toucher devant", ajoutait Florent Manaudou en hommage au dernier relayeur du jour. Cette victoire avait également une saveur toute particulière pour Fabien Gilot, lui qui avait débuté dans le même bassin dix ans plus tôt, là aussi avec le relais 4x100 mètres. Homme de toutes les courses à quatre, Fabien Gilot a tout connu avec le relais tricolore, des plus grandes joies aux pires déceptions. Cette année encore, le Nordiste avait le sourire.
Le sourire des champions qu'il pouvait tranquillement partager avec ses potes sur le podium de Barcelone. Cette fois, plus de doute, le relais tricolore n'a plus rien d'un outsider.