L'opération est un succès. Avec sa nouvelle campagne publicitaire baptisé Unhate, Benetton voulait renouer avec la tradition des images qui, si elles ne choquent pas, font tout de même réagir le public.
Et, hasard ou coïncidence, la campagne qui met en avant des couples politiques que tout oppose s'embrassant à pleine bouche a été dévoilée quelques heures avant les journaux télévisés de 20h, assurant à la marque italienne un buzz et un coup de pub assurée comme le remarquait Mgr Bernard Podvin ce matin au micro de RTL : "La ficelle est grosse (...) On est habitué aux arguments prétendus réconciliateurs, aux excuses qui sont faites par hasard à 20 h pour que toute l'opinion en soit témoin. Comme ça, ça fait le buzz, bravo ! Le buzz est réussi mais on a blessé inutilement, on est choqué."
Le Vatican a immédiatement réagi aux affiches 4x3 qui ont fleuri dans Rome, sur lesquelles le Pape Benoît XVI semble apprécier le french kiss de l'imam de la mosquée Al-Azhar du Caire Mohamed Ahmed al-Tayeb, demandant le retrait de ce photomontage considérant qu'il représentait "un grave manque de respect au pape" et "une utilisation inacceptable de l'image du Saint Père, manipulée et instrumentalisée dans le cadre d'une campagne publicitaire à des fins commerciales". Et sous la pression, Benetton a immédiatement réagi, retirant les photos incriminées et s'est dit "désolé que l'utilisation de l'image ait heurté ainsi la sensibilité des fidèles". Bonjour les "faux-culs" !
Du côté de l'Élysée, la réaction est toute autre. Visiblement, le baiser échangé entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ne semble pas déranger outre-mesure. Seule demande, l'apposition d'une mention photomontage sur l'affiche. Au cas où certaines personnes seraient tentées de croire que le tout récent papa d'une petit Giulia ait décidé de quitter sa femme Carla Bruni pour la Chancelière allemande...
Benetton aura donc réussi son coup en renouant avec la tradition de ses grandes campagnes publicitaires des années 90 dirigés par le spécialiste du genre Olivero Toscani. La firme italienne a toutefois tenu à justifier ses choix : "Il s'agit d'images symboliques --avec une touche d'espérance ironique et de provocation constructive-- pour promouvoir une réflexion sur la manière dont la politique, la foi, les idées, même si elles sont opposées et diverses, peuvent amener au dialogue et à la médiation."
Joli coup de pub !!