Invité du Festival de Cannes en raison de la présentation de son documentaire, Le Serment de Tobrouk, le réalisateur et philosophe Bernard-Henri Lévy a assuré les incontournables photocall et conférence de presse. Il n'était néanmoins pas seul.
Bernard-Henri Lévy, philosophe et fondateur de la revue La Règle du jeu, est venu au Festival de Cannes avec des vétérans libyens et deux opposants clandestins au régime de Damas. Une décision courageuse et dangeureuse pour défendre le documentaire Le Serment de Tobrouk, en sélection officielle, projeté en Séance spéciale et qui sera distribué aux Etats-Unis par le puissant Harvey Weinstein.
Après l'échec de l'ingérence en Bosnie, ce film est une sorte de revanche, selon Bernard-Henri Lévy : "Nos amis libyens vengent nos amis bosniaques humiliés. Je me revois dans cette même salle, présentant Bosna!. A l'époque, Sarajevo était encore sous les bombes. Les compagnons filmés étaient en train de mourir. Il y avait une tonalité de désespoir. Aujourd'hui, c'est le contraire, il y a une grande joie d'avoir vu une idée, celle de la fraternité, je l'ai vue échouer si longtemps, marcher en Libye."
C'était donc un rendez-vous fort en symbole et émotion pour BHL, ces ex-rebelles, aujourd'hui membres de la nouvelle élite libyenne, et les deux Syriens clandestinement sortis de leur pays, via des pays limitrophes. Ils sont attendus sur les marches ce vendredi 25 mai soir aux côtés de l'équipe du film. Evidemment, pour se protéger et protéger leurs familles qui pourraient être victimes de représailles, les Syriens ont demandé à conserver le visage masqué avec des drapeaux de la Syrie libre.
L'écrivain a appelé les spectateurs à regarder Le Serment de Tobrouk, "documentaire personnel, donc subjectif" comme "un film de cinéma doit l'être". "Mais je vous demande aussi de le voir avec un regard à double foyer: le regard d'une guerre gagnée et le regard d'une tragédie en cours", a déclaré Bernard-Henri Levy.En arabe, Suliman Fortia, l'un des héros du bastion rebelle libyen de Misrata, a expliqué aux deux Syriens que "Bernard-Henri Levy a été le premier à être venu en Libye. Ce qui s'est passé l'a été grâce à lui, car il connaissait Sarkozy". En anglais, langue que certains d'entre eux comprennent, BHL a lancé: "Aux Jeux Olympiques, il y a quelque chose qui s'appelle le passage du flambeau. J'aimerais que, à Cannes, vous passiez le flambeau de ce que vous avez fait à nos amis Syriens. C'est le sens de notre rencontre. Vous avez la flamme de la liberté, vous la passerez à nos frères syriens". L'un des deux Syriens, désormais officier dans l'un des groupes rebelles, ému aux larmes, est alors sorti de la pièce, rapporte l'AFP.
Le Serment de Tobrouk, en salles le 6 juin