Francois Ozon lors du photocall du film Jeune et Jolie au Festival de Cannes le 16 mai 2013© BestImage
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François Ozon sera-t-il l'homme de la polémique de l'édition 2013 du Festival de Cannes ? Le réalisateur a présenté son long-métrage, Jeune et Jolie, en compétition pour la Palme d'or. L'histoire d'une jeune fille de 17 ans qui choisit de se prostituer. Un sujet délicat et un rôle troublant pour Marine Vacth. Interrogé par la journaliste du Hollywood Reporter, Rhonda Richford, le cinéaste français a tenu des propos controversés sur sa vision de la prostitution. Le plus vieux métier du monde serait selon lui le fantasme bien connu des femmes.
Les souffrances de l'adolescence et la prostitution
La journaliste du prestigieux Hollywood Reporter questionne François Ozon sur le lien qu'il fait entre les difficultés de l'adolescence et son histoire, celle d'une demoiselle dont l'activité est extrême, puisqu'elle vend son corps de son plein gré : "Le cinéma existe pour être extrême, on doit pousser les choses, parce que la réalité est intéressante quand les choses sont différentes. Je sais que tout le monde est choqué par l'idée de la prostitution, mais ça aurait pu être autre chose. Ça aurait pu être l'anorexie, la drogue, le suicide. Je voulais montrer qu'à cet âge, on est en conflit avec soi-même. On porte une violence qu'on a besoin d'exprimer, sans savoir comment. Pour cette fille, c'est l'idée de sexe, et de se prostituer. Je voulais montrer qu'elle était plutôt innocente, parce qu'elle ne réalise pas le danger de la situation. Elle pense être immortelle, comme tous les jeunes de 17 ans. Ils ont besoin de transgression pour échapper à leur famille. [...] Je ne suis pas là pour réconforter le public. [...] Je sais que pour le public américain, cela peut poser problème car ils ont besoin d'explications à la fin. Mais selon moi, ce qui est intéressant dans le cinéma, c'est de poser des questions. Je ne suis pas un homme politique, je ne suis pas là pour donner des réponses."
"La prostitution, c'est le fantasme de beaucoup de femmes"
Jusqu'ici, son point de vue n'a rien de choquant, sauf pour les spectateurs américains. Cependant, lorsqu'il répond à la question sur les réactions à son film, différentes selon que l'on est un homme et une femme, il impose son point de vue comme une vérité générale que toutes les femmes sont loin de valider : "Je pense que les femmes comprennent mieux le film que les hommes. Je crois qu'ils sont effrayés parce qu'ils se disent : 'Mon dieu. Il y a tout ça dans la tête d'une femme ?' L'héroïne est très forte. Mais je pense que les femmes peuvent être touchées par cette fille car la prostitution, c'est le fantasme de beaucoup de femmes. Ça ne veut pas dire qu'elles passent à l'acte, mais le fait d'être payée pour une relation sexuelle est quelque chose d'évident dans la sexualité féminine."
La journaliste Rhonda Richford lui précise qu'elle ne pense pas que ce soit le fantasme de toutes les femmes, mais le réalisateur n'en démord pas, arguant même qu'il s'agit d'une vérité vraie : "Je pense qu'être considéré comme un objet sexuel est quelque chose d'évident, d'être désiré, utilisé. Il y a une sorte de passivité que les femmes recherchent. [...] C'est la réalité. Quand vous parlez avec des femmes, avec des psychanalystes, tout le monde sait ça. Bon, peut-être pas les Américains !"
"M. Ozon, pourriez-vous assumer vos fantasmes et ne pas nous les attribuer ?"
Des déclarations qui ont entraîné une vague d'indignations. La plus pertinente pourrait être celle de Laurence Rossignol, l'une des quatre porte-parole du PS, sur Twitter : "Toutes des putes - au moins dans leur tête. Mr Ozon, pourriez-vous assumer vos fantasmes et ne pas nous les attribuer ?" Admettons que ce fantasme existe chez des femmes, en faire une vérité générale a de quoi outrer. Faire des longs-métrages en donnant les premiers rôles à des actrices, aussi réussis soient-ils, ne lui donne certainement pas le droit de parler au nom des femmes sur une question aussi intime que la sexualité et sur un sujet aussi brûlant et délicat que la prostitution.
Sur Twitter, François Ozon rectifiera péniblement ses paroles : "Propos maladroits et mal compris. Évidemment, je ne voulais pas parler des femmes en général, juste des personnages de mon film." Évidemment ? La journaliste américaine, déjà moquée par le réalisateur parce qu'elle ne connaît pas ce fantasme des femmes, l'a donc mal compris ? Le site Slate rappelle d'ailleurs que le réalisateur avait aussi dénigré un journaliste suédois qui ne partageait pas son opinion sur la prostitution et les femmes : "Pourquoi ? Vous dites ça parce que vous venez de Suède !" Ce serait un fantasme de femmes françaises donc, une exception sexuelle et culturelle que construit François Ozon. Réalisateur de 8 Femmes et de Potiche, il tient une argumentation douteuse qui risque de continuer à faire des vagues à Cannes. Car il ne s'agit pas juste d'une simple phrase, c'est tout un discours plein de clichés qu'il tient sur la femme en général.
Les souffrances de l'adolescence et la prostitution
La journaliste du prestigieux Hollywood Reporter questionne François Ozon sur le lien qu'il fait entre les difficultés de l'adolescence et son histoire, celle d'une demoiselle dont l'activité est extrême, puisqu'elle vend son corps de son plein gré : "Le cinéma existe pour être extrême, on doit pousser les choses, parce que la réalité est intéressante quand les choses sont différentes. Je sais que tout le monde est choqué par l'idée de la prostitution, mais ça aurait pu être autre chose. Ça aurait pu être l'anorexie, la drogue, le suicide. Je voulais montrer qu'à cet âge, on est en conflit avec soi-même. On porte une violence qu'on a besoin d'exprimer, sans savoir comment. Pour cette fille, c'est l'idée de sexe, et de se prostituer. Je voulais montrer qu'elle était plutôt innocente, parce qu'elle ne réalise pas le danger de la situation. Elle pense être immortelle, comme tous les jeunes de 17 ans. Ils ont besoin de transgression pour échapper à leur famille. [...] Je ne suis pas là pour réconforter le public. [...] Je sais que pour le public américain, cela peut poser problème car ils ont besoin d'explications à la fin. Mais selon moi, ce qui est intéressant dans le cinéma, c'est de poser des questions. Je ne suis pas un homme politique, je ne suis pas là pour donner des réponses."
"La prostitution, c'est le fantasme de beaucoup de femmes"
Jusqu'ici, son point de vue n'a rien de choquant, sauf pour les spectateurs américains. Cependant, lorsqu'il répond à la question sur les réactions à son film, différentes selon que l'on est un homme et une femme, il impose son point de vue comme une vérité générale que toutes les femmes sont loin de valider : "Je pense que les femmes comprennent mieux le film que les hommes. Je crois qu'ils sont effrayés parce qu'ils se disent : 'Mon dieu. Il y a tout ça dans la tête d'une femme ?' L'héroïne est très forte. Mais je pense que les femmes peuvent être touchées par cette fille car la prostitution, c'est le fantasme de beaucoup de femmes. Ça ne veut pas dire qu'elles passent à l'acte, mais le fait d'être payée pour une relation sexuelle est quelque chose d'évident dans la sexualité féminine."
La journaliste Rhonda Richford lui précise qu'elle ne pense pas que ce soit le fantasme de toutes les femmes, mais le réalisateur n'en démord pas, arguant même qu'il s'agit d'une vérité vraie : "Je pense qu'être considéré comme un objet sexuel est quelque chose d'évident, d'être désiré, utilisé. Il y a une sorte de passivité que les femmes recherchent. [...] C'est la réalité. Quand vous parlez avec des femmes, avec des psychanalystes, tout le monde sait ça. Bon, peut-être pas les Américains !"
"M. Ozon, pourriez-vous assumer vos fantasmes et ne pas nous les attribuer ?"
Des déclarations qui ont entraîné une vague d'indignations. La plus pertinente pourrait être celle de Laurence Rossignol, l'une des quatre porte-parole du PS, sur Twitter : "Toutes des putes - au moins dans leur tête. Mr Ozon, pourriez-vous assumer vos fantasmes et ne pas nous les attribuer ?" Admettons que ce fantasme existe chez des femmes, en faire une vérité générale a de quoi outrer. Faire des longs-métrages en donnant les premiers rôles à des actrices, aussi réussis soient-ils, ne lui donne certainement pas le droit de parler au nom des femmes sur une question aussi intime que la sexualité et sur un sujet aussi brûlant et délicat que la prostitution.
Sur Twitter, François Ozon rectifiera péniblement ses paroles : "Propos maladroits et mal compris. Évidemment, je ne voulais pas parler des femmes en général, juste des personnages de mon film." Évidemment ? La journaliste américaine, déjà moquée par le réalisateur parce qu'elle ne connaît pas ce fantasme des femmes, l'a donc mal compris ? Le site Slate rappelle d'ailleurs que le réalisateur avait aussi dénigré un journaliste suédois qui ne partageait pas son opinion sur la prostitution et les femmes : "Pourquoi ? Vous dites ça parce que vous venez de Suède !" Ce serait un fantasme de femmes françaises donc, une exception sexuelle et culturelle que construit François Ozon. Réalisateur de 8 Femmes et de Potiche, il tient une argumentation douteuse qui risque de continuer à faire des vagues à Cannes. Car il ne s'agit pas juste d'une simple phrase, c'est tout un discours plein de clichés qu'il tient sur la femme en général.