Catherine Deneuve s'accorde à merveille avec le titre du magazine Télérama dont elle fait la couverture : "L'indocile". Cela fait écho à l'un de ses films les plus emblématiques, Indochine, mais surtout à son état d'esprit. A 70 ans, elle est une icône libre, qui se moque de son image. Que ce soit en posant presque nue pour le New York Magazine ou par sa parole franche et ses arguments solides, l'actrice continue de fasciner. Dans son interview passionnante pour Télérama, elle annonce ce qui ne peut que ravir ses (nombreux) admirateurs : la retraite, très peu pour elle.
Septuagénaire icônique, Catherine Deneuve ne songe pas pour autant à la retraite : "Ma retraite, je pense, n'en sera jamais une vraie. [...] Je ne me vois pas arrêter de tourner", explique l'actrice qui reconnaît qu'on lui proposera peut-être avec le temps de moins en moins de rôles intéressants, mais tachera de choisir des projets qui lui plairont vraiment. Elle cite l'exemple de stars qui ont arrêté le cinéma : Greta Garbo, qui a été contrainte d'arrêter, face aux échecs de ces derniers films, Grace Kelly, dont la vie était moins heureuse sans le cinéma et qu'on a empêché de continuer à tourner, ou bien Brigitte Bardot : "Elle ne s'est jamais intéressée au cinéma, seulement aux animaux. Pourtant, en arrêtant de tourner, elle s'est renfermée." Catherine Deneuve est claire : "Pour un acteur ou une actrice, la retraite fait vieillir plus vite, quelque chose s'éteint. L'idée n'est pas de rester jeune à tout prix, mais d'entretenir sa curiosité, ses facultés physiques ou mentales. J'en ai vu des confrères et des consoeurs sombrer dans la dépression en s'éloignant de leur métier."
Cette énergie, exceptionnelle pour son âge admet Catherine Deneuve, elle l'entretient par les tournages intenses, les voyages, mais aussi grâce à ses gènes : "Ma mère est plus que centenaire et elle m'épate toujours. Pourtant, elle m'a souvent dit, à propos de mon mode de vie, que je n'étais pas raisonnable, même quand j'avais 35 ans. Bon, je regarde des séries toute la nuit. Et je fume, je fume, je fume.... C'est vrai que je ne suis pas quelqu'un de raisonnable." Elle est aussi éloignée de la norme quand il s'agit de modèle traditionnel : "Je me suis mariée une seule fois, je n'ai pas eu d'enfants avec mon mari, j'ai eu des enfants hors mariage [Christian Vadim et Chiara Mastroianni] de deux pères différents que j'ai élevés seule, et la plupart de mes amis sont homosexuels, hommes et femmes."
Catherine Deneuve utilisera également sa franchise pour revenir sur sa tribune en faveur de Gérard Depardieu, son ami et partenaire de nombreux de films, à l'heure du scandale de son départ en Belgique et de son passeport russe : "J'étais très choquée par la façon dont il était traité", explique-t-elle en visant le texte violent de Philippe Torreton. Cependant, elle n'est plus certaine que, à la lumière des éloges de Depardieu vis-à-vis de Poutine, elle aurait la même fougue pour le défendre aujourd'hui... Elle est solidaire, mais ne cautionne pas tout.
Télérama interroge également l'actrice sur sa vision du biopic de Bertrand Bonello sur Yves Saint Laurent - à ne pas confondre avec celui de Jalil Lespert, sorti en janvier. Proche du couturier, son nom sera cité, mais personne ne tient son rôle : "On en m'a pas demandé mon avis et je ne suis pas si procédurière !" De toutes façons, cela lui convient que personne ne joue son rôle et avoue ne pas être un personnage de premier plan dans la vie du créateur de génie : "Je l'ai connu, beaucoup aimé et admiré, j'ai traversé sa maison de couture pendant trente ans, mais plusieurs femmes ont davantage compté pour lui, comme Betty Catroux et Loulou de la Falaise. Hélas, elles sont sacrifiées dans le film de Jalil Lespert, où Pierre Niney et Guillaume Gallienne sont, en revanche, formidables."
Bientôt à l'affiche de la comédie Dans la cour de Pierre Salvadori, Catherine Deneuve s'est également dite déçue de l'Oscar reçu par Meryl Streep pour La Dame de fer et ne cautionne plus les César. Un franc-parler qui réveille le cinéma français.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Télérama du 9 avril
Dans la cour, en salles le 23 avril