Ils ont fait danser la France entière au son des binious à la fin des années 90. Eux, ce sont les membres de la Tribu de Dana, Martial Tricoche et Cédric Soubiron, fondateur du groupe Manau. Mais après le succès est venu la descente aux enfers pour Cédric Soubiron, que Street Press a retrouvé à Paris, bien loin des ambiances celtiques qui avaient fait le succès du groupe.
42 ans, début de calvitie et les traits marqués par les épreuves, Cédric Soubiron a vécu de galère en galère depuis la fin du groupe, qui avait pourtant écoulé 1,5 million de single de la Tribu de Dana entre 1998 et 1999, avant d'aller chercher la Victoire de la musique en 1999 pour le meilleur album rap de l'année, devant les cadors MC Solaar et NTM. "Je suis dans la nostalgie du rap, confie-t-il à Streetpress. Les seuls trucs récents que j'écoute, c'est quand les Public Ennemy ou Redman ressortent un album."
En 2005, il quitte Manau. En cause, son goût immodéré pour les virées nocturnes et la découverte des débits de boisson... "Je prenais une rue et je faisais tous les bars. Pas des trucs VIP mais plutôt les endroits sombres, vers Pigalle ou dans le 19e. Et ça me prenait beaucoup de temps pour m'en remettre", raconte Cédric Soubiron. Résultat, les lendemains de cuite sont compliqués et l'envie de composer s'envole en même temps que le succès du groupe.
Afin de ne pas rester inactif, il lance une poissonnerie à Bagnolet en 2006, lui qui bossait dans celle de son père à l'époque. Mais le succès n'est pas au rendez-vous. Bien au contraire. Les virées nocturnes ne sont en effet pas compatibles avec les levés aux aurores pour se rendre à Rungis comme l'exige le métier de poissonnier. "J'ai vécu l'enfer. J'ai perdu toutes mes économies. Je me suis retrouvé avec des dettes incroyables. Ils m'ont tout pris", analyse-t-il, amer. Y compris sa maison qu'il a dû vendre, lui qui assure en avoir "voulu à la terre entière", relève Street Press.
Cédric Soubiron vit aujourd'hui grâce à ses droits d'auteurs, qui partent pour la plupart dans le remboursement des dettes. Heureusement, reste le théâtre, véritable échappatoire pour l'ancien DJ. En 2015, il sera à l'affiche de deux pièces au théâtre de L'étoile du Nord : Angelo tyran de Padoue, de Victor Hugo et Le monte-plats, d'Harold Pinter. La page est tournée ? Pas sûr. Cédric Soubiron, toujours en contact avec Martial Tricoche, n'exclut pas de reconstituer Manau...