C'est l'heure de faire les comptes. Les nominations des César ont été dévoilées ce 23 janvier et tous les cinéphiles de France et d'ailleurs peuvent examiner attentivement les choix faits. Quelles sont les oeuvres qui triomphent déjà parmi les citations ? Qui a été oublié ou tout simplement snobé ? Les réactions ne se sont pas fait attendre sur les réseaux sociaux...
Carton plein pour la réalisation de Gilles Lellouche ! Après avoir attiré plus de 1,4 million de spectateurs en salles, son film décroche dix citations parmi lesquelles meilleurs film, réalisateur, acteur dans un second rôle (Philippe Katerine et Jean-Hugues Anglade) et actrice dans un second rôle (Leïla Bekhti et Virginie Efira). Cependant, dans ce long métrage au casting truculent, difficile de ne pas être déçu pour les autres membres de la distribution : Mathieu Amalric, Marina Foïs, Guillaume Canet ou encore Benoît Poelvoorde.
Doté du même nombre de nominations, le drame Jusqu'à la garde de Xavier Legrand s'impose aux César. Tout a commencé avec le court métrage Avant que de tout perdre, nommé aux Oscars. Les deux acteurs de son oeuvre sur les violences conjugales, Léa Drucker et Denis Ménochet, ont collaboré de nouveau avec le réalisateur pour Jusqu'à la garde qui continue d'explorer ce sujet brûlant de société. "Comme dans Avant que de tout perdre, je désirais sensibiliser le public à ce drame en le traitant avec les armes du cinéma qui me passionne depuis toujours, celui d'Hitchcock, d'Haneke ou de Chabrol, un cinéma qui fait participer le spectateur en jouant avec son intelligence et avec ses nerfs," explique le cinéaste dans le dossier de presse du film.
Non loin derrière, se trouvent Les Frères Sisters de Jacques Audiard et En liberté! de Pierre Salvadori qui cumulent chacun 9 nominations. Viennent ensuite La Douleur (8) et Pupille (7), deux drames intenses offrant des rôles magnifiques à Mélanie Thierry pour le premier, et à Sandrine Kiberlain et Elodie Bouchez pour le second.
Chouchou du cinéma francophone avec des oeuvres aussi différentes qu'Elle (et prochainement Benedetta) ou 20 ans d'écart, Virginie Efira fait déjà sensation aux César en obtenant deux nominations ! S'il est désormais impossible d'avoir une double nomination pour un même rôle – Tahar Rahim avait eu deux César, meilleur acteur et meilleur espoir pour Un prophète –, rien n'empêche manifestement de briller pour deux films différents. La comédienne belge continue son ascension après sa nomination pour Victoria en 2017 en obtenant une citation pour Le Grand Bain en second rôle et Un amour impossible, mais cette fois en tant qu'actrice principale. Il y a donc de fortes chances pour qu'elle reparte le 22 février avec un trophée, mais la concurrence est rude dans chacune de ces catégories.
Alors qu'il avait fait sensation avec La Vie d'Adèle en 2014 (8 nominations), mais aussi quelques années plus tôt avec La Graine et le mulet et L'Esquive, Abdellatif Kechiche n'a pas convaincu l'Académie des César avec Mektoub my Love. Seule l'actrice Ophélie Bau décroche une citation, celle de meilleur espoir. Les relations compliqués du cinéaste avec le milieu du cinéma français (Mektoub my Love a eu des difficultés à être financé, ses tournages sont parfois mal vécus par ses comédiens – Léa Seydoux avait fait part de son douloureux ressenti) et les accusations d'agression sexuelle en octobre dernier ont-elles écarté l'homme et donc son film de la course ?
Le petit prodige du cinéma français, Pierre Niney, ne concourt pas cette année pour un César, malgré sa bouleversante interprétation de pompier dans Sauver ou périr. Les admiratrices et admirateurs de Christophe Honoré ne cachent pas leur déception face à l'absence de Plaire, aimer et courir vite. Toutefois, son acteur principal, Vincent Lacoste, peut se réjouir de figurer aux César pour un autre film, Amanda, preuve que sa carrière n'en finit plus de décoller. Des voix s'élèvent aussi sur Twitter pour Climax de Gaspar Noé qui n'a pas obtenu de nomination, notamment pour les catégories techniques. À la différence de Grave l'an dernier, ce film de genre à la puissance formelle indéniable n'aura pas trouvé cette année de place en or aux César. Mais il n'y a malheureusement pas assez d'espace face à toute l'étendue et à la richesse du cinéma hexagonal.