Au printemps 2010, Charles Berling s'est mis à chanter. Rien que le temps de deux soirées pour initiés et curieux qui n'auront pas manqué ce rendez-vous impromptu, sur la scène du Théâtre des Amandiers de Nanterre où l'on a depuis revu le comédien dans Ithaque de Botho Strauss.
Depuis, l'artiste de 53 ans est revenu à l'affiche au grand écran, avec notamment Insoupçonnable de Gabriel Le Bomin avec Marc-André Grondin et Laura Smet, et Propriété Interdite d'Hélène Angel avec Valérie Bonneton ; il a aussi été investi, avec son frère, des destinées du Théâtre Liberté à Toulon, réouvert depuis septembre 2011. Et il a tourné Mauvaises herbes, de Safy Nebbou, avec son fils Emile, ainsi que Le Prénom, d'Alexandre de la Patellière, avec Patrick Bruel. En décembre 2011, il montera trois soirs de suite (les 14, 15 et 16) sur scène au Sentier des Halles, en tant que chanteur à nouveau : cette fois, officiellement pour défendre son premier album, Jeune chanteur, mûri depuis quatre ans et à paraître le 6 février 2012. On en découvre enfin un premier extrait, très savoureux : Lit garni.
Si, très conscient de la manière dont cette démarche peut être perçue ("Encore un acteur qui chanter..."), il évoque "une nécessité", Charles Berling, "jeune chanteur" de 53 ans, rappelait l'été dernier dans les colonnes de Var Matin que la musique en général et ce projet en particulier ne sont pas du tout une nouvelle composante de sa personne : "Une amie d'enfance m'a récemment montré des vieilles photos datant de l'époque du lycée Dumont-d'Urville, confiait-il. J'étais avec ma guitare, mes cheveux longs. Mon frère faisait de la batterie. Pour ce projet-là, il y a une dizaine d'années, j'ai écrit des paroles de chansons. Et j'avais apprécié cette forme-là : raconter des histoire en trois minutes... Depuis quatre ans, je travaille beaucoup. Avec d'autres chanteurs, des musiciens. J'ai pris des cours de chant."
Lit garni ne le fait pas mentir : cette histoire polissonne qui commence et finit au plumard n'excède pas les 2mn30, ce qui suffit toutefois à laisser entendre la voix très texturée de Charles Berling, son léger vibrato très dandy, et un jeu d'interprétation cocasse, proche de la famille des chansonniers. Intro désuète mêlant trompette et sifflement de pinson, balancier rythmique, banjo potache, une toile de fond pince-miches parfaite pour cette ode au désir charnel, poésie coquine que n'aurait peut-être pas reniée un certain Julien Clerc. Qui, sous ses dehors sens dessus dessous (et sans dessous dessus), est une chansonnette drôlement bien écrite.
G.J.