Émues aux larmes, Audrey Pulvar et Sophia Aram se sont exprimées pour rendre hommage aux 12 personnes qui ont perdu la vie dans le terrible massacre qui a frappé Charlie Hebdo, ce 7 janvier, dont les dessinateurs Charb, Wolinski, Tignous et Honoré.
Ce 8 janvier, Audrey Pulvar était la seule chroniqueuse du Grand 8 de D8 à ne pas arborer le badge "Je suis Charlie". La journaliste, qui connaissait un grand nombre des dessinateurs, assassinés, s'en est expliquée avec émotion. Touchée par la montée de la haine ces dernières années, elle n'a pu contenir ses larmes. "Ce n'est pas par rébellion. Évidemment, on est tous Charlie. Mais j'aurais aimé qu'on soit tous Charlie quand ils ont publié les caricatures de Mahomet, quand ils ont été traînés en justice pour avoir publié ces caricatures et en avoir eux-mêmes produits. Qu'on soit tous Charlie quand les locaux ont été l'objet d'un attentat à la bombe, quand Philippe Val, il y a des années, était tabassé par l'extrême droite. Quand Charb était menacé tous les jours, qu'il a fallu qu'il passe huit ans sous protection policière. Hier, un policier qui était affecté à sa protection a payé de sa vie pour le protéger. J'ai l'impression qu'on s'est habitué dans ce pays depuis plusieurs années à ce que la haine monte de tous côtés, que ce soit l'antisémitisme, que ce soit l'islamophobie, le racisme en général. Toutes les haines s'expriment à visage découvert. Les défenseurs des libertés ont trop tendance à se taire. Il faut sortir du silence. Il faut que les républicains se lèvent. Les manifestations, il faut qu'on y soit tous. Il faut que les républicains soient debout pour dire qu'on ne peut pas accepter qu'il y ait 100% d'augmentation des actes antisémites dans ce pays depuis un an. Qu'on ne peut pas accepter qu'il y ait des sorties politiques islamophobes en permanence. Qu'on ne peut pas accepter que le vivre ensemble soit devenu la guerre des uns contre les autres", a ainsi déclaré Audrey Pulvar, regrettant amèrement le climat qui règne en France depuis quelque temps.
À l'instar de Patrick Pelloux, urgentiste bien connu du grand public et chroniqueur pour Charlie Hebdo, Sophia Aram aussi a perdu des amis. Alors que le premier trouvait le courage de venir sur les plateaux de Bruce Toussaint sur iTÉLÉ ou encore de BFMTV pour un témoignage à la fois émouvant et insoutenable, Sophia Aram, elle, consacrait son billet d'humeur du jour aux victimes, sur France Inter, ce matin. La chroniqueuse s'est souvenue de quelques-unes de ses discussions avec Charb, des textos de Tignous ou encore du soutien de Cabu : "Je n'avais pas le quart du début des couilles de Cabu. Je me souviens avoir pensé à eux hier, a-t-elle déclaré. Quand ces trois chiens galeux nous ont plongés dans l'horreur. Je me souviens que la colère m'a aidée à m'arrêter de pleurer. Je me souviens avoir eu envie de trouver une vanne, avoir envie d'en rire. Et je me souviens d'avoir échoué..."
Chloé Breen