Et un départ de plus pour Charlie Hebdo... Si le journal satirique, relancé avec force cette année après l'attentat atroce qui a coûté la vie à douze membres de l'équipe, continue de faire régulièrement la une en raison de ses dessins controversés, pour la journaliste Zineb El Rhazoui, c'est un sentiment de détachement qui prédomine. Au point de quitter le navire.
C'est à la webradio étudiante Web7Radio, qu'elle a confié son choix de vouloir démissionner du journal. "Même si les choses ne sont pas encore très claires, j'ai vocation moi aussi à quitter Charlie Hebdo et à tourner cette page parce que ceux avec qui on aimait travailler sont soit morts soit partis. Le plus tôt sera le mieux. (...) Aujourd'hui, la motivation n'est plus la même. Le journal n'est plus le même. La ligne éditoriale n'est plus la même. Charlie est aujourd'hui intégralement sous surveillance policière. Ce n'est plus la même chose", a-t-elle expliqué.
En revanche, Zineb El Rhazoui souhaite bonne chance à l'équipe. "J'espère que Charlie Hebdo continuera à porter avec panache et fierté la tradition de la satire dans le paysage de la presse française. Or, aujourd'hui, il me semble qu'il y a à la fois un essoufflement artistique et éditorial", a-t-elle dit. Son départ fait suite à ceux de Luz, l'un des dessinateurs emblématiques de Charlie et auteur de la une controversée avec Mahomet (Tout est pardonné) après l'attentat contre l'hebdomadaire et de Patrick Pelloux. Avec ce départ, Zineb El Rhazoui semble couper l'herbe sous le pied du journal puisque, à la mi-mai, elle avait reçu une convocation pour un entretien préalable à un licenciement dont le motif aurait été lié à ses absences répétées. La direction, qui a ensuite annulé la convocation, a affirmé qu'il s'agissait de lui rappeler ses "obligations" professionnelles.
À la suite de l'annonce de son départ, Riss, l'actuel directeur de la publication du journal, lui a répondu. "Je crois qu'elle exagère un peu, ça fait quand même un an qu'elle n'a pas mis les pieds au journal. (...) je ne sais pas de quel journal elle parle, beaucoup de choses ont changé depuis un an mais Charlie est toujours le même, elle parle d'un journal qui est dans ses souvenirs, mais le journal est toujours vivant", a-t-il déclaré à France Inter.